Journal du mois de février 2010

Un mois de plus. De nouvelles pages, de nouvelles pensées, comme à chaque fois. Un tourbillon de neige qui emporte au loin nos souvenirs, emprisonne nos rêves et les relâchent là, sous ce grand préau de notre enfance, celui au dessous duquel nous jouions alors, lorsque les bourrasques de vent se faisaient trop dures pour nos corps maladifs. Ils libèrent leur couleurs, qui s'emmêlent et se croisent, dessinent dans l'atmosphère des rafales de rouges, couchent sur le papier des courbes d'encre noire, explosent dans le ciel blanc en volutes de bleus et retombent incolores, indolores et songeurs. Finalement, peut-être est-ce cela, le retour à l'incolore, puis le cycle éternel qui enlace en son sein l'univers et ses étoiles, l'univers et ce monde.
Ma pensée n'a pas de lignes directrices, mes mots sont creux, mes phrases sonnent faux. Même elles sont surfaites, même elles ne résonnent plus. La cloche s'est retrouvée sans gong, pendue seule au sommet de l'église comme un cadavre noirâtre qui sé découpe sur l'horizon en ombre chinoise. Non, pardonne-moi, elle n'ont plus n'a pas d'ombre, pas d'âme. Je suis vide, j'ai besoin d'amour, d'un amour maladif dont je suis dépendant et que j'ai besoin d'étreindre ainsi contre moi pour le sentir battre, intense et luxuriant, contre mon coeur glacé.
Un mois de plus, oui.

Cher Journal,

Tout se mélange dans ma tête. Lui, moi, une chance ou pas ? J'ai tellement peur de dire ce que je ressens, que je me cache, je porte un masque, le masque subtil du bonheur. Tu sais je crois que l'amour et moi on est pas amies, j'ai toujours lutter contre elle, et dès qu'elle frappe à ma porte elle me fait hésiter. J'aimerais lui dire, oh lui dire que je l'aime mais c'est si irréel et si insensé que je m'y refuse.
Enfin comme d'habitude je joue les pantins pour un amour que je sais impossible.

Cher journal,


Des cris, des voix, des rires. Mais rien ne parvient à mes oreilles. Bulle de silence pour me protéger du monde. J'y tiens quand même à cette bulle que je sens s'effriter chaque jour un peu davantage. Elle est un élément essentiel. Même si elle ne devrait pas l'être. Je crois que les cauchemars viennent de là. Elle résiste, s'accroche, se cramponne à la moindre aspérité. Mais elle s'effiloche, tout doucement. Il la force à partir, à me laisser vivre. Seule sa présence, sa voix, son amour pour moi, empêche cette bulle de se refermer à nouveau et de me garder prisonnière. Oh bien sûr, ce ne serait pas si grave, personne ne se rendrait compte de rien, et puis cette doucereuse prison m'apparait parfois comme la meilleure solution. Mais je n'ai pas le droit. Je ne veux pas. Enfin je ne veux plus. Adieu petite bulle de silence. Une respiration t'a chassée...

Cher journal
Alors, c’est comme ça, alors, il faut faire avec. Je crois que j’aurais préféré avoir tort, je crois que j’ai voulu croire à l’impossible. Je n’ai plus rien maintenant et je me sens libre. Plus de théâtre avec ceux que j’aimais. Plus grand-chose dans ce grand vide qu’est devenu mon esprit. Je me rends compte que la vie se passerait bien de moi parfois. De toute façon, que je vive, que je meurs, que j’apprenne, que je m’écoute, qui donc pourra comprendre ça ? Qui donc s’élèvera au dessus des autres, libérant des milliers d’esclaves ? Il ne faut pas m’aider, il ne faut pas, même y penser c’est risqué. Je veux faire le pitre, des grimaces, je veux que l’on me remarque, moi qui ne suis pas grand-chose.

Mes rêves d’acteur, mes rêves de bonheur, comme autant de flocons de neige. Mes notes, mes doigts, mon piano, il ne me reste que cet ultime inspiration. Je renvois les questions, je n’écoute même plus les autres. Je suis l’homme renfermé sur ma propre existence. J’exige ces conditions de survie que je ne mérite pas. Alors j’ouvre les portes de l’inspiration en grand et je respire. Je ferme les yeux, je voudrais me plonger dans un bain d’acide. Si seulement j’avais pu prendre un autre chemin, d’autres choix se seraient offerts à moi, d’autres envies. J’avais des envies, j’avais des peurs, je me rends encore compte de mon impuissance à vous faire croire quel était les bons choix. Bons ou mauvais, quelle importance ?

Je vous laisse deviner des fois ces misères, ces ultimes moments de solitude. Comme si l’argent comptait maintenant plus pour moi que la vie elle-même. Je ne peux pas oublier. « Il ne faut pas regretter ! », c’est ce que dit la chanson ! alors il faut croire ! S’aveugler d’une horrible façon. Il faut se mettre un bandeau devant les yeux. Il faut décider de s’élancer dans le vide. Il faut pas regretter de s’être emmêlés. Pourtant, ce n’est pas ce soir qu’il faut s’épancher, qu’il faut dire que l’on n’aime pas. Ce soir, il faut chanter. Alors je chanterais pour les pierres, je chanterais pour les arbres, pour les oiseaux, pour les hommes, pour les femmes.

Si tu gâches ça, tu n’as pas d’âme… si tu te retrouves dans ce qui a été dis, tu n’es pas l’esclave de ce monde, mais seulement ton propre maitre. Ecoute moi, ne laisse pas t’envahir ces saloperies de mots, qui se coincent entre les rouages de tes pensées. Ne laisse pas germer ces graines du chaos, ou alors, laisse toi emporter, laisse toi couler, mais reste conscient(e) que c’est ta faute si tu es ce que tu es. Tes choix te mène jusqu’ici, jusqu’à ces mots, jusqu’à moi.

Cher journal

PLus qu'un jour avant les vacances et bizarremment j'apréhende, j'ai l'impression qui mon coeur va s'arracher de ma poitrine. L'idée d'une séparation, même courte me semble insuportable même si sa présence me fait si mal, même s'il brûle ma peau à chaque minute. Lui dire au revoir, chaque soir, c'est partit en lui laissant un bout de moi, le retrouverais-je le lendemain ? Tu sais, aufond je me sens idiote, j'avais pris trois résolutions pour la nouvelle année, trois et déjà deux que je n'ai pas réussi à tenir. Ne plus s'attacher aux gens, ils sont fourbes et font souffrir, ne surtout pas tomber amoureuse, connerie d'amour, salope qui s'amuse avec toi, elle joue et tu la payes en la laissant lancer ton coeur au fond de l'eau. Tu sais encore une à tenir, une à ne jamais enfreindre. Alors oui, je deviens misanthrope, oui je tourne le dos au monde. Mais si tu savais les douleurs, les moqueries et la peur. Cette peur insouciante que te tenaille le ventre, qui se faufile dans tes veines, cette peur et les cicatrices qu'elle laisse sur mon corps. les traces de morsure au creux de mes poignets qui m'aide à oublier, mordre plus fort, voir ce sang, ce liquide trop rouge, trop bon, qui soulage et libère lorsqu'il glisse sur ma peau. Au fond, j'ai encore peur, je dois lui dire, vendredi prohain, briser ma carapace, caché la honte et les larmes. parce que oui j'ai honte, j'ai honte d'aimer et j'ai peur de ce regard plein de dégoût. Enfin finalement je ne suis pas folle, juste schizophrène, je laisse juste ces voix me blesser, le couteau une fois enfoncer ne peux pas faire plus mal que lorsqu'il a été planté.

Cher Journal,

Je crois que je suis heureux. Enfin, à peu près. Si toute la question réside là, dans cette interrogation, alors comment savoir. Est-ce que je ne dirai pas exactement l'inverse, dans quelques minutes, dans quelques heures, dans quelques jours, dans quelques semaines, lorsque d'autres énèvements auront tout à tour torpillé ma mémoire et m'auront fait oublier ces secondes de bonheur où je pensais enfin avoir touné une page de ma pâle existence ? Je ne sais. Peut-être devrais-je profiter sans me poser la question. Non, sans doute, sûrement. Je devrais, cela est sûr. Mais, comme par le plus grand des hasards, j'ai toujours besoin de me poser la question. Profiter du temps présent, je n'ai jamais su faire.
Je regarde mes pieds pour voir si l'oeuf n'est pas là, blanc sur le goudron chaud d'une fin d'après-midi, tendant vers l'immensité sa coquille d'albâtre en attendant qu'un pas maladroit vienne mettre fin à ses jours d'idées préalable de poussin jauni. Un oeuf sucidaire. Un poussin ennuyé de la vie avant de l'avoir goûtée, une larve molle étendue sur la macadam pour que deux orteils viennent violer la chair délicate et le tordre profondément.

Cher journal,

Je crois que je suis une idiote. Tu sais quand tu as 1000 occassions de dire à la personne que tu aimes, tes sentiments et que tu ne le fais pas et ben tu te sens bête. Tous ces rapprochements, ces sourires et ces regards long et intense ne m'ont pas encouragé. Ils auraient dût, et cette douleur dans ma poitrine, l'avoir laisser partir en gardant le regard vide et la larme au bord de l'oeuil. Cher journal, je vais le faire, la prochaine fois que je lui parle, je le fais.

Cher Journal,
Il était temps que je me remette à te parler, il était temps que je vide mon sac rempli de trop plein. Comme je le dis, c'est un peu une confession, un peu des sentiments refoulés que l'on ose avouer à personne d'autre qu'à soi. Je ne veux plus aimer. Je ne veux plus aboyer comme un larbin. Pour certains je ne suis qu'un terrible fantôme. Pourquoi terrible ? Pourquoi fantôme ? Pourquoi tant de trucs sérieux dans un monde où j'aimerais rire et chanter à toute heure du jour et de la nuit. Il ne faut pas traverser les limites qui nous conduisent de l'autre coté du miroir. Il ne faut pas se croire aussi insaisissable que la nuit. C'est être idiot que de croire que l'ombre cache encore ses mystères. C'est être sot que de continuer à chercher l'amour dans les ténèbres, comme aveuglés de tant d'humanité perverse. Il ne faut pas se soulager derrière les grand miroir du paradis et du sublime, rien qui n'est pas nous, peut nous emporter et soulager nos peines lumineuses. Il faut du temps pour reparler, pour se reconstruire et imaginer un nouvel avenir, je comprends ceux qui souffrent aveuglément pour une cause qu'ils croient justes. Je croyais en l'Amour, il fut un temps; où j'aurais même pu devenir un être voué à l'amour, donnant, recevant. Sans jamais m'accrocher, il aurait fallut que je devienne cet autre personne. Que j'enfile de nouveau un nouveau costume et un nouveau visage, alors que tout est perdu, il suffit d'un pas pour s'écrouler, d'une corde pour se pendre et d'un saut pour tenter d'échapper aux tortures douloureuses du monde des humains. Comme un personnage nouveau je te parle cher journal, comme un démon tout droit sortis des enfers, venu pour te tourmenter encore et encore avec de multiples mots qui tranchent, mots qui tuent et mots qui écorchent les âmes faibles. Alors ! Cher Journal, je te dis à nouveau au revoir !

Cher journal,
Tu sais je crois que j'ai mal, en fait j'en suis sûre. Je lui ai parlé hier, je lui ai parlé, je lui ai tout dit et encore une fois j'ai perdu. Ce jeu est plus fort que moi, je perd toujours, mes sentiments me tirent et me poussent à faire des choses insensées. Je me sens terriblement vide et j'ai froid, toujours froid, c'est comme si j'avais étiré mon âme et que je l'avais lâché, elle venant s'écraser contre ma poitrine provoquant une douleur cinglante. Et tous ces mots gentils, ces mots de réconforts, toutes ces personnes qui s'inquiètent de ma réaction et de mon bien-être, même lui, me blessent. Je porte le masque le plus difficile à porter, je porte le masque du bonheur. J'offre un sourire perdu sur mes lèvre, un sourire qui ne vient pas contaminer mon regard, un sourire qui veut dire je vais bien, mais qui derrière son apparence rassurante cache toutes les larmes que je verse, toutes ces perles d'eau qui glissent le long de mes joues. Alors, j'ai envie de taillader ma poitrine , de m'arracher le cœur et de le lancer dans un bac d'acide, car ce sera plus agréable que ce néant qui m'entoure, que cette douleur silencieuse et indicible. Et oui, les douleurs imaginaires sont de loin les plus réelles. Et oui j'ai mal, mais non je ne le dis pas. Il faut souffrir en silence pour garder la tête haute.
Merci cher journal de m'avoir écouté, merci.

Cher journal,

Retour à la routine, fin de la parenthèse. Apothéose, et renouveau. On s'accroche comme on peut à ce futur, à ces projets, afin de ne pas sombrer, afin de ne pas mourir. Deux âmes perdues, naufragées, qui se cramponnent l'une à l'autre, avec cette force que seul le désespoir apporte. Deux âmes qui se sont reconnues, qui ne laisseront rien les séparer. Une dernière soirée faite de larmes et de peurs, mais qu'importe. Nous n'y pouvons rien. J'aurais aimé qu'elle fût joie et bonheur, mais nul reproche, nul regret.
Deux heures seulement et j'ai déjà hâte. Morosité ambiante. Le manque est là, absence cruelle et dévastatrice. J'espère et j'attends. J'aime.
J'avais juste besoin de crier ces mots, même s'il les connait, même s'il les a déjà dits et criés lui aussi. J'ai cessé de protéger mon cœur, sans regrets. J'ai choisi la confiance. Je ne m'en repentirai pas. Trop de bonheur partagé, trop de tendresse pour cela. Alors je le redis encore une fois, j'aime. Je l'aime.

Notre but n’est pas de nous manger, de nous voir, ni de nous aimer. Notre but n’est pas non plus de nous haïr et de ne même pas s’écouter. J’ai dis une fois qu’il fallait savoir se taire quand on a rien à dire et qu’il faut savoir hausser le ton quand c’est nécessaire. Mais pourtant, il ne faut pas confondre le fait que nous pouvons le faire, à ce que nous allons faire. Il y a un pas entre nous et nous-mêmes. Il ne sert à rien de croire aider et parler aux autres sans pourtant être sûr que ce que l’on va dire sera écouté ou même entendu. Je me dis bien souvent qu’il serait même intéressant que les gens crient des bêtises. Que l’on comprenne pourquoi est-ce que parler nous aide, nous enfonce, nous fait s’aimer ou se détester. Si on comprend cela, alors on peut dire ce que l’on pense. Il faut même s’obliger à penser parfois, s’obliger à avoir une opinion sur tout et n’importe quoi. Car être sans opinion, c’est comme être sans vie. « Tu es moi, je suis toi ». Oui, tout est dans cette phrase, pas la peine de chercher dans les grands livres de théorie, de philosophie, tout ce dont on a besoin, c’est le rapport avec l’autre. Croire c’est espérer que quelque chose se passe dans nos vies. Comme j’ai entendu dire un jour, il y a une différence entre connaitre le chemin et arpenter le chemin. Il ne suffit pas de dire que les cailloux par terre nous font mal aux pieds et dire que la montagne est loin dans le ciel, il faut juste prendre conscience que pour arriver jusqu’en haut, il va falloir marcher. Que l’on croit ou non ne change rien au fait que le chemin que l’on va prendre va nous mener quelque part. Tous nos choix se croisent, toutes nos envies se bousculent, le destin ne revient jamais en arrière et la mort est forcément au bout du chemin, mais, il ne faut pas oublier qu’avant de penser à la mort, il faut profiter de la vie, il faut profiter de l’air que l’on respire, de l’air qui nous frôle. Le système veut que nous ayons peur de l’inéluctable fin. Mais il y a des gens qui sont là pour briser le système et pour dire que la vie est aussi longue que l’éternité. A toujours croire que demain est imprévisible, il suffit de prévoir demain et ne plus en avoir peur. Car être ignorant c’est une chose bien malheureuse, mais vivre dans le présent nous ramène au passé. Vivre dans le passé, c’est accélérer le système, c’est se dire que la roue du temps tourne trop vite et qu’on n’a pas le temps de la rattraper. Ne vis pas dans le stress d’aujourd’hui, c’est ce que je me dis. Ne vis pas dans la tristesse du passé, c’est aussi ce que je me dis. Vis dans le futur, vis dans ce que tu aimes faire, ce que tu crois être bon pour toi. Il n’y a pas d’exemples pour montrer que ce que je dis est la vérité, d’ailleurs, si on se pose trop souvent la question de savoir ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas, on ne sait plus quoi penser. Il n’est pas nécessaire de nier ce que je dis sous prétexte que vous n’y croyez pas. Car pour moi, cela ne changera rien. Je serais toujours le même, j’écrirais toujours. Il vaut mieux essayer de me comprendre qu’essayer de me critiquer et me dire que j’ai tort. Quand tu regardes les gens, si la seule chose que tu peux leur reprocher, ce sont leurs qualités, alors, c’est qu’il y a un problème. Il ne faut pas essayer de dire : « Je ne t’aime pas ». A quoi cela pourrait-il servir ? Tu pourrais très bien te retrouver en face de moi, et te dire que tu avais tort de dire ça. Pourquoi pas avec les gens qui te méprisent ? Par ta seule volonté, tu peux changer ton image. Au lieu de toujours pleurer, maudire le monde et « faire la gueule » et si tu souriais parce que tout simplement, il y a des raisons pour toi d’être heureux, que tu ne comprends certes pas, que tu n’as pas envie de comprendre parce que tu n’es pas apte à les accepter. Les autres iront vers toi si tu leurs souris, les autres iront vers toi si tu ne les critiques pas. Les autres feront de toi ce que tu penses être. Alors, au lieu de regarder le sage, au lieu de répondre au philosophe, deviens toi-même philosophe et tu pourras parler comme un sage. Les discours te feront parfois dire ce que tu n’as pas envie de dire, ce que tu voudrais dire et ce que tu ne peux pas dire, mais si tu crois que ce que tu dis, doit être dis, alors tu sauras qu’il ne faut pas le dire.