Notre repentir
La porte dérobée de ton sourire en coin
Recelait autre chose en ses secrets recoins
Cela, que ta pauvre âme, aurait voulu cacher
De peur que quelqu’un d’autre voulût te l’arracher,
Je le compris tantôt lorsque dans tes yeux
Je vis comme un regret qu’arguent les envieux.
Tu n’eusses pas voulu que je l’apprisse ici
Et eusses préféré me le cacher ainsi
Craignant l’ultime faute qui m’eût fait te laisser
Et qui de notre amour, le sort eût fait cesser.
Je suis la séraphine et l’ange repentie
Qui te pardonne ici tes fautes démenties.
Mais je vais là t’apprendre ce que j’ai sur le cœur
Oui, toujours le pardon, fera notre bonheur.
C’est là qu’ayant trouvé en tes albes blandices
Un moyen de laver ces âpres immondices
Qui raillaient mon bonheur de leur fatalité
Exacerbant le feu de leur fugacité,
Je sus que sans tes ailes, je ne pouvais rêver
Et que sans ta candeur, pour autant me couver,
Je fusse bien perdue, et pâle moribonde...
Que sans toutes ces fleurs, de mon cœur vagabondes,
J’eusse déjà perdu, mes fières passions,
Noyée dans le regret des constellations...
Ces instants où l’angoisse enterrait notre zèle
Et où notre insouciance nous eût coupé les ailes,
Ses sbires infernaux qui poursuivaient toujours
Leur terrible dessein de détruire l’amour
Echouèrent ici, dans l’oubli le plus sobre,
Impuissants devant nous qui ignorons l’opprobre...
Ce fut toujours en vain que l’aigre destinée
Nous voulut écarter de l’amour satiné,
Qui naissait entre nous épanouis de confiance
Inconnus du mépris vicieux de la méfiance.
Rejetés sur le sol, froid, humide et terreux,
Nous avions besoin d’aide et besoin d’être heureux...
Je te tendis la main, tu me tendis la tienne,
Partons vers d’autres terres et pourvu que nous vienne
L’angélique transport d'une âme encore pure,
Oublions nos méandres et rions des plus durs !
Laissons-nous transporter dans les limbes du rêve,
Soyons toujours ensemble, et que nos cœurs sans trêve
Connaissent cet amour de tendre bienveillance
Qui fait sourire encore nos naïves beautés,
Fait renaître l’été chaque jour de vaillance,
Désarme l’insensible hiver de cruauté.
- Spoiler:
césure épique
F. Rahl