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| Level 2 : « La rencontre » [ Championnat 3 ] | |
| | Auteur | Message |
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DARK DRAGON Admin
| Sujet: Level 2 : « La rencontre » [ Championnat 3 ] Mer 6 Jan - 22:32 | |
| LEVEL 2 CHAMPIONNAT 3 "La rencontre" Après la petite pause des vacances qui a suivi le Level 1 sur le thème de la chanson « Le Vent l'emportera » de Noir Désir, nous reprenons la Course aux rêves avec un second sujet ! Cette fois-ci, il va vous être demandé de travailler sur une photo ! Sujet et contraires ci-dessous ! Sujet et Contraintes EcrivainsSujet : A partir de la photo postée ci-dessous en spoiler, vous devez écrire une nouvelle sur le thème de la rencontre. C'est un sujet que nous n'avions jusque là pas encore approfondi, et je le trouvais intéressant. J'ai choisi cette photo-ci dans un but précis : cette rencontre doit se passer en hiver, et si possible en milieu forestier. Le type de rencontre n'est pas spécifié : il est conseillé de narrer la rencontre avec une personne, pour que votre production soit plus originale, mais celle-ci peut très bien avoir lieu avec un animal. C'est donc un thème relativement libre, excepté quant à l'obligation pour le scène de se dérouler pendant en saison hivernale. - Spoiler:
Notes : La rencontre peut être positive ou négative, à vous de voir ! Le récit peut être à la première personne du singulier/pluriel comme à la troisième tant qu'il respecte le thème et les contraintes ! ( je ne vais quand même pas vous demander d'utiliser « je » à chaque fois ^^ ! Contraintes : Si le Level 1 n'avait pas de contraintes particulières, j'en impose quelques unes pour celui-ci. 1 ) Le mot « neige » ne doit pas être présent dans votre nouvelle, mais le décor doit néanmoins en être pourvu. Utilisez donc des métaphores et des substituts ! 2 ) Six mots obligatoires à placer dans votre nouvelle : « cristal », « train », « pluie », « inéluctable », « frissons » et « chute ». Je précise que vous n'avez pas le droit de les accorder, ils doivent rester tels quels dans le texte. 3) Pour la longueur, les trois quarts d'une page word minimum ! Bonne inspiration, j'espère que le thème vous plaît ! Merci de poster vos productions ci-dessous, comme d'habitude ! Rappel des participants : Tous ceux qui se sont inscrits au premier Level, même s'ils n'ont pas reçu de votes ! En effet, il n'y a pas eu assez de votes à la fin du Level 1 pour vous départager, donc tout le monde peut participer à ce sujet ! Clôture le mercredi 20 janvier. | |
| | | Marie Admin
| Sujet: Re: Level 2 : « La rencontre » [ Championnat 3 ] Dim 17 Jan - 8:22 | |
| - Spoiler:
« J’ai un présent pour vous, dit-il légèrement en contemplant le ciel qui s’étendait aussi loin que ses yeux pouvaient voir. C’est inéluctable. Un accord est un accord. » - Bien, répondis-je tout aussi distraitement alors que je tentais de deviner ce qu’il regardait. - Pourquoi pas l’hiver? Je vous offre l’hiver.
La nuit était dégagée. Apaisante. Je me remémorai au temps où je rêvais d’habiter une étoile. La chute avait été longue depuis. Je me tournai vers l’homme pour étudier son profil. Je ne savais pas s’il se moquait de moi ou s’il pensait vraiment ce qu’il venait de dire. Mais ses traits détendus ne laissaient rien filtrer, sinon qu’il semblait heureux ici. Je mourrais de ne pas savoir.
« L’hiver? Ai-je demandé en espérant qu’il me jette ne serait-ce qu’un simple coup d’œil. Vous ne pouvez pas me donner une saison, c’est impossible. »
Il rit. Je l’aimai pour son rire. Pour ses fossettes qui se creusèrent tandis qu’il était parcouru de frissons, aussi. Ce réflexe presque humain lui retira l’espace d’un instant son intensité, le déchargeant de ce ton cérémonieux qu’il affectait de prendre. Puis son sourire s’effaça et il répliqua :
« Bien sûr que je peux. Je peux vous donner tout ce que vous désirez. Toutes les saisons que vous souhaitez. Mais je crois que l’hiver est celle qui correspond le mieux. - Parce que je suis une salope frigide? » plaisantai-je. Je voulais le voir rire une fois de plus avant que tout s’arrête.
Il baissa finalement les yeux sur moi. Ils étaient sans fond. Des perles de cristal dans lesquelles j’étais déjà en train de me perdre à la seconde où j’avais croisé son regard. Pensées blasées, doutes, inquiétudes, tout ça disparut. Je me sentais soulagée, libérée. Quand il me toucha la joue, sa main fut chaude. Quand il m’embrassa, il fut douloureusement doux. Encore contre mes lèvres, il murmura :
« L’hiver, c’est la beauté. La pluie de flocons blancs, le ciel d’argent.. malgré ça, tout semble plus écrasant. Le froid, la mort, le manque de lumière. Mais vous savez quoi? - Quoi? dis-je dans un souffle. - Ils vous apprécient toujours plus quand vous n’êtes pas là. »
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| | | DARK DRAGON Admin
| Sujet: Re: Level 2 : « La rencontre » [ Championnat 3 ] Lun 18 Jan - 18:04 | |
| Hum... un texte un peu long pour un Level de Course aux Rêves, j'espère que vous le lirez jusqu'au bout ! Le thème de la rencontre y est bien, pour ceux qui se demanderont, j'espère que vous trouverez.. =) Mais je vais sans doute le poster également dans la partie prose, pour avoir des avis. Le train fantôme C'est une aurore pâle qui se lève sur les choses, une aurore tremblotante de rouge et de frayeur. Déjà dans son écrin, blanche et endormie, elle entendait les coups du marteau sanguinaire. Déjà en son sommeil, houleux d'incertitudes, elle avait dans la bouche ce goût nauséabond, qui a des relents d'hommes, de sang et de sueur. Des coulées suaves qui descendent sur la peau et font pleurer les yeux, qui inondent de larmes les vallées saccagées par la folie des bêtes. Il s'abat au loin, le marteau sanguinaire, mais partout résonnent les cris et se fendent les lèvres. Un homme marche dans cette aube aux joues baignées de larmes. Il a des traînées noires sous ses yeux fatigués, brûlés par les nuits passées dans le froid et le noir. Il a les pieds qui raclent contre le sol, déchirés en dessous, fissurés et tremblants à cause du gel mordant. Il a les talons qui frottent sur le blanc tapis d'albâtre, et laissent dans son sillon des marques de cristal. Il a des poches vides dans lesquels ses mains cherchent deux miettes éparses à sucer sur le pouce. Dans l'air glacé du matin, son souffle s'échappe de sa poitrine en jolies volutes blanches qu'il ne reconnaît plus. C'est un mouvement de vie qui agite ses lèvres. Plus un jeu d'enfant comme avant, plus un « tchou-tchou » frivole dans un éclat de rire, plus de cerceaux colorés sur le gris du béton. Rien qu'un peu d'air perdu au fond de la poitrine, luttant pour remonter et faire battre le cœur, ce cœur durci au bois. La vapeur d'eau ne prend plus cette saveur du train, sifflant sous la lande ses ronds de pipes blancs. Elle n'est plus que l'image des wagons décharnés, qui ne rodent que la nuit, invisibles fantômes que personne ne doit voir à par la mort elle-même. C'est un train fantôme qui roule à travers bois, à travers chiens et loups. Ses vitres sont crasseuses de honte, puantes d'alcool bruni, et abritent des doigts innocents qui grattent sans attendre, grattent jusqu'à saigner pour voir l'inconnu qui s'épanche dehors. Mais le noir est obscur, néant impénétrable. Les enfants sont aveugles, privés du sein mort de leurs mères violées, et pleurent silencieusement sur les bottes du bourreau. Mais l'homme lui avance, seul contre le temps et la peur qui le talonne. Il sait qu'il ne doit pas s'arrêter, jamais, qu'il doit continuer jusqu'à voir le village où il pourra s'assoir sur le petit banc de pierre. Il le déblaiera du revers de la main, et posera-là sa vie, son fardeau tant porté. Il rêve de ce moment, encore tout éveillé, cet instant où enfin il pourra s'endormir à côté avec le cœur soulagé, débarrassé de crainte. Cet espoir rythme ses nuits, et pendant toute sa marche l'homme dans sa tête ne veut pas le quitter. C'est sa promesse secrète, un des seuls biens qu'il peut encore chérir. Celui-ci, personne ne lui prendra. Ni la violence des hommes, ni le froid de l'hiver.. En attendant, il sait qu'il doit aller vite, qu'il ne peut s'arrêter en chemin, qu'il devra continuer même lorsque sa gorge en feu lui demandera de l'eau, même lorsque ses jambes frêles ne le porteront plus. Il sait qu'il doit marcher sous les flocons ardents, sans regarder la route derrière son dos courbé. Car sur cette route longue dont il poursuit la fin, ses traces sont suivies par les lances acérées qui sur sa cuisse droite ont tracé un fil, en jolie soie de haine. Ses yeux scrutent l'horizon, presque inlassablement, mais ses paupières gelées d'où perle une pluie glacée peinent à se relever. L'homme dans ses bras porte un paquet qui bouge. C'est un petit amas de couvertures chaudes, autrefois d'un beau rouge, terni un peu maintenant par le vent de la plaine.. Une fine couche de sel tombée du ciel uni recouvre une main douce, qui agite ses doigts vers le menton fripé du vieux au sourire pauvre. Alors, celui-ci penche ses lèvres vers la paume fragile, et y souffle un baiser pour enlever ce mal inerte. Un baiser d'amour pour la peau de l'enfant. Un baiser de tendresse pour le petit espoir. Recroquevillé en boule sur la poitrine, et bercé par les pas de l'homme qui avance, qui avance encore pour tout ce qu'il lui reste, il s'endort quelques temps en oubliant les cimes noires au dessus de ses yeux. Bientôt l'homme voit le soir ternir les cieux de teintes violacées, et sur son corps gémissant de longs frissons froids courent en serpentins. C'est la terreur qui remonte vers son ventre et son cou, inéluctable et lourde comme une marée de poix. Il tremble pour l'enfant et accélère encore, échappant aux ténèbres qui tombent sur la forêt et annoncent la dernière des nuits. Derrière lui les torches flambent. Il ne peut les voir, mais il sait qu'elles sont là, qu'elles viennent chercher son âme et celle de la petite. Il se met à courir, titube de fatigue, sentant sur son visage les gifles cinglantes du vent. Il avance comme cela, plusieurs heures durant sous la lune qui dans le ciel trace son ballet nocturne. Quelques fois, l'homme chute violemment, et tend les bras vers l'avant pour protéger le landau de fortune. Enfin, l'homme voit les lumières du village endormi. Elles brillent au loin, encore faiblement entre deux arbres noirs, mais dans le cœur du vieux c'est comme un arc-en-ciel qui s'élance dans la nuit. Il ralentit le pas, regarde la figure de l'enfant endormi, et offre au visage qui n'en a pas conscience un sourire merveilleux. Ce sourire inconnu des hommes qui le poursuivent, ce sourire qu'au dessus des camps de la mort les étoiles ont perdu. Des cœurs s'éteignent sans bruit partout dans le pays, la campagne délavée par les coups de machette d'un seul monstre perfide, mais il y en a qui battra encore, sauvé par son grand-père. Il sera accueilli dans une maison violette, choyé par des bras qui ne demanderont rien, sous des yeux en amande, mais caché aux yeux du monde, lui l'enfant interdit. C'est une aurore pâle qui se lèvre sur les choses, sur un banc de pierre recouvert de coton. Là, l'homme sommeille, d'un sommeil sans fin, sa tête blanche posée sur la dalle de béton. Une effluve de sourire s'échappe d'entre ses lèvres, qui déjà se gercent seules. Une chaussure s'abat sur le visage paisible, fait rouler par terre l'épaule sans réaction, mais le sourire reste. Pas même le coup de rage qui brise soudain son nez, sans qu'il s'en aperçoive, ne parvient à effacer du visage de l'homme le bonheur de savoir son enfant à l'abri. Sa petite fille à lui, son cadeau de la vie, que les hommes de la haine ne pourront pas lui prendre. Son trésor est au chaud, dans une couverture rouge, d'un beau rouge éclatant échappé de ses bras, déjà loin de lui mais sauvé du train noir. Le vieux corps retombe, recouvert d'engelures, frappé par les loups enfin venus le prendre. | |
| | | ecrits-et-plumes Sage Plume
| Sujet: Re: Level 2 : « La rencontre » [ Championnat 3 ] Lun 18 Jan - 22:34 | |
| Blanche colombe et hiver maudit C’était un de ces matins où tout semblait vain. Un de ces matins qui vous donne qu’une envie : courir dans votre lit. C’était calme, silencieux et blanc. Blanc, trop blanc, partout du blanc. Les toits, la route, les arbres et même le chat étaient blanc. Cette lumière, trop violente, trop forte, toute cette clarté se résumait en un seul mot : cauchemar. Les pieds enfoncé dans l’amoncellement formé par la pluie nuageuse, je faisais face au bois. Les pins pliaient, sous le poids de cette foutue poudre virginal et le soleil se reflétait sur le sol laiteux. Je crapahutais difficilement, forçant sur mes jambes pour les sortir de cette merde immaculée et avancé péniblement. C’était humide, ça pénétrait dans mes chaussures et mouillais mes chaussettes. J’avançais trop vite, je prenais le train pour la chute à grand vitesse et je me retrouvais les fesses dans cette boue trop pure, les quatre fers en l’air et des frissons glacés glissaient le long de ma colonne. Je restais, assise, là, le cul dans les flocons. Les branches frémirent, vibrèrent, dans un crissement de branches et il apparu. Il me regardait en biais, moqueur, un sourire malsain sur la gueule. Je voulais lui dire de dégager, de foutre le camps et de me laisser tranquille, mais j’étais désemparée. Il avait au fond des yeux un cristal de larme, une de ces lueurs qui vous empêchent de détester. Il était, grand, beau et élégant. Dans son dos, le soleil gravissait l’échelle du ciel, il lançait avec violence ses rayons sur mon visage, cette maudite étoile m’empêchait de regarder l’aura lumineuse qui se dégageait de lui. Je ne bougeais pas, le moindre son aurait pu le faire fuir, le faire s’échapper à toute vitesse. Je retenais ma respiration, observais son visage, j’étais envouté par cette rencontre, oubliant cette poudre blanche que je trouvais si chiante, le froid qui s’insinuait le long de mon corps et ce foutu matin de janvier. Et pis, quel connerie de l’observer comme une idiote, je me relevais, faisant crisser mes vêtements, tapotant la poussière blanche s’accumulant sur mon manteau. A ce mouvement, il partit, me laissant debout, coite, la forêt autour et plus rien dedans. Fichu bestiole, voilà que ce cerf m’avait mi en retard.
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| | | See' Plume Souvenir
| Sujet: Re: Level 2 : « La rencontre » [ Championnat 3 ] Mer 20 Jan - 16:00 | |
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Quelque part, une forêt se dresse. Nous sommes au cœur de l’hiver désormais. Il fait sombre et les hauts arbres ploient presque silencieusement sous le poids du lourd manteau neigeux qui les recouvre. Au loin, le bruit d’un train rappelle que la civilisation n’est pas si éloignée que cela. Ici, rien ne bouge. On pourrait croire que rien ne vit. Pourtant, là, au pied d’un chêne qui doit être plusieurs fois centenaire, une forme sombre git, recroquevillée pour s’abriter des rafales de vent qui font frissonner les branches dans la nuit noire. Quelques flocons volettent paresseusement dans l’air ; certains tournoient un instant avant de venir se poser au sol et de se fondre dans le tapis blanc qui couvre la terre. La chute d’une branche à quelques centimètres d’elle réveille en sursaut l’enfant sous le chêne. Le froid la fait trembler tandis qu’elle se blottit un peu plus contre le tronc de l’arbre. La petite fille pleure en silence et le vieil arbre, comme ému, la protège du vent qui forcit et lui bleuit désormais les lèvres et les doigts. Ce n’est pas la première nuit qu’elle passe dans la forêt mais, d’habitude, l’hiver n’est plus et elle n’est pas toute seule. Chaque année, au printemps, à cause de la pluie torrentielle qui s’abat continuellement en cette saison, le village est déserté et ne reprend vie qu’à l’automne. Mais, cette fois, tout a changé. Des frissons parcourent la fillette tandis que devant ses yeux dansent les flammes qui ont dévoré son petit monde. Ses pleurs redoublent. Elle a tenté de lutter contre l’inéluctable destruction du village, mais en vain. Le feu n’a rien épargné. Hommes et bêtes, tous sont mort. Plus rien n’existe à présent, il ne reste que des cendres et la terre nue. Chaque détail du drame est et restera gravé dans sa mémoire.
Elle s’est mise en route vers le Nord, là où on lui a toujours dit d’aller si le moindre problème survenait. Sa mère insistait beaucoup : quelques jours à peine avant l’incendie, elle avait même fait jurer à la fillette que, quoiqu’il advienne, elle se montrerait digne de ce qu’elle était. L’enfant n’avait pas bien compris ce qu’on attendait d’elle, mais avait juré quand même, histoire de rassurer sa mère qui semblait y tenir particulièrement.
Une pâle lueur apparaît progressivement entre les arbres. La petite fille reste immobile, tétanisée par la peur. Un être d'une dizaine de centimètres flotte doucement dans l'air. Tandis qu'elle le contemple, la fascination remplace peu à peu la terreur chez l'enfant : un feu-follet. Elle connaissait leur existence : au village, de nombreuses légendes circulaient à leur sujet. On disait notamment qu'ils se montraient rarement aux hommes et que ceux-ci étaient incapables de les toucher. Les yeux rendus brillants par l'excitation, la petite fille se redresse lentement. La créature de lumière, aux contours assez flous et imprécis, se tient désormais à moins d'un mètre d'elle. La fillette tend timidement une main qui tremble un peu vers l'être légendaire. Celui-ci vient délicatement se poser au creux de la main tendue et palpite légèrement, comme pour montrer sa satisfaction. Il irradie une douce chaleur qui vient réchauffer les doigts engourdis de l'enfant.
Après quelques minutes, il s’élève de nouveau dans les airs et repart. Elle reste là, debout, sans bouger, et regarde s’éloigner ce petit être lumineux à la fois si fragile et si fort. Elle sait que désormais, elle ne sera plus tout à fait seule. Pour preuve, cette petite larme de verre poli qui brille doucement au creux de sa paume. La nuit semble avaler le feu-follet et l’obscurité règne de nouveau dans la forêt, seulement troublée par la faible lueur qui émane du cristal.
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| | | Stylographe Plume Solennelle
| Sujet: Re: Level 2 : « La rencontre » [ Championnat 3 ] Ven 22 Jan - 20:01 | |
| L'homme avançait. L’homme avançait. Il avait le menton bas, les yeux plongés dans le balancement régulier de ses pas. Il semblait las, inconscient. Pensif. Passif. Il s’enfonçait profondément dans la blancheur grisante du sol. Il s’appuyait sur cette terre qu’il avait oubliée. Il n’entendait pas le silence abrutissant. Il ne voyait pas les troncs derrière ses cils. Il scrutait ses propres pupilles. Il goûtait au cristal fragile de la solitude. Il ne sentait plus ses mains rougies. Plus le froid qui le mordait. Il ne léchait plus les gouttes qui tombaient sur son visage. Tout cela n’était plus qu’un décor. Il espérait devoir encore marcher. Il voulait souffrir son instant de magie. Souffrir sa puissance. Le train de ses pensées s’était arrêté. Il était vide. Il marchait plus doucement à présent. Gageant de son souffle son envie de liberté.Ses paupières s’abaissaient lourdement, devinant l’inexorable chute qui les attendait. Son corps hurlait à la mort, son cerveau criait à l’horreur. Mais cette envie qui transperce de longues griffes le cœur le tenait debout. Le temps lui importait peu. Il en avait besoin. Ce n’était plus un souhait, plus un désir. C’était sa vie. C’était sa mort. C’était tout ce qu’il voulait. Sous les branches estompées par le brouillard, il décela une ombre. Peut-être entendit-il des pas ? Il était sûr de cette présence. La fatigue n’était plus. Il avait trouvé, il en était sûr. De tendres frissons éclairèrent ses lèvres. Il releva la tête. Et sentit sa présence. Qui l’emplit de soulagement pervers. Ses pas se firent anarchiques, déchaînés. L’homme était hystérique. Il trébuchait dans la matière visqueuse qui traînait à ses pieds. Le vent lui fouettait les sens. Il avançait plus vite. Il volait vers cette forme. Elle était proche, bien plus proche, à présent. Ses traces étaient plus marquées. Les flocons n’avaient encore pu les effacer. Il vit l’être ralentir. L’autre s’était retourné. Ce n’était qu’une ombre entre les chênes déplumés. L’ombre s’assit. L’homme prit ce qui lui pesait à l’épaule. Il agrippa ce qui l’avait aidé à avancer. Il le plaça vers la bête, en face. Son cœur s’apaisait, si proche de la fin. Il visa de son fusil l’animal. Il ajusta son tir, et expira longuement. Fier de la voir immobile. Euphorique. Ses doigts tremblaient sur le métal. Seule son envie guida son esprit. Un son unique. Qui fend le silence comme un crâne sur une pierre. Qui réveille la brise. Et endort la paix. L’homme se repose dans ce drap d’assouvissement. Le flot de l’interdit a disparu. La rivière est sortie de son lit. Pour ne jamais y revenir. Il s’approche silencieusement de sa proie. Plus un gémissement ne rompt sa victoire. Il observe le filet rouge qui le guide. Il imagine déjà toucher la fourrure de la bête mouillée, souillée par le sang. Il sent la chaleur qui macule la terre. Et celle qui brûle dans son torse. Et il y arrive. Là où les odeurs sont émotions. Et qu’il ressent le plaisir d’avoir attendu. Attendu cet instant fatal, funèbre, libérateur. Mais la bête n’a pas de fourrure. Elle n’a pas assez de sang pour appartenir à la forêt. Elle est fine. Elle est blanche. Ce n’est pas une bête. C’est un humain. La peau lisse du gibier se fondait avec l’eau gelée. Le brouillard qui flottait autour des branches se dissipait. Son regard n’était plus bas. Les narines pleines d’un arôme insaisissable. La pluie lavait son orgueil et il retomba dans l’absence. L’envie avait disparu. C’était la fin. Le cycle continuait. Inéluctable. Et l’homme avançait. | |
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| Sujet: Re: Level 2 : « La rencontre » [ Championnat 3 ] | |
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| | | | Level 2 : « La rencontre » [ Championnat 3 ] | |
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