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| Level 3 : "Enfermé" [ Championnat 2 ] | |
| | Auteur | Message |
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DARK DRAGON Admin
| Sujet: Level 3 : "Enfermé" [ Championnat 2 ] Dim 6 Sep - 11:19 | |
| Level 3 Un nouveau sujet pour un nouveau Level ! Bonne chance.... Sujet :Vous êtes enfermé dans une pièce entièrement noire, sans savoir où vous vous trouvez et comment vous y êtes arrivé. A vous de laisser courir votre imagination....Contraintes EcrivainsVous devez inclure les mots yeux, oeil, présence, lisse, suave, doucereux, filet, patience, flanc, front, terre, mains, paume, ongles, latéral, chaud, manoeuvre, ampoule et chants. ( Merci de les signaler en italique dans votre production afin qu'ils soient facilement repérables ) 400 mots minimum.Vous avez jusqu'au 17 septembre 23h59. | |
| | | L'Ingénu Plume Légère
| Sujet: Re: Level 3 : "Enfermé" [ Championnat 2 ] Dim 6 Sep - 16:56 | |
| *Mmmmmh... Pourquoi le sol est si dur ? J'ai mal à la nuque... J'ai surement dû envoyer valdinguer mon coussin à l'autre bout du lit, comme d'habitude... Ah ? Non, je suis peut-être tombé du lit , c'est le sol que je touche … Brrrr il est froid... Attend , où je suis là ? J'ai de la moquette dans ma chambre ! Bon je crois qu'il est temps d'ouvrir les yeux et d'allumer la lumière pour savoir comment j'ai fait pour atterrir par terre... Il doit être tôt , je ne vois pas le moindre filet de lumière sous les portes ou aux fenêtres... Bon aller debout ! Gaffe à …! Mais mince je suis où ?! Ouvre l'oeil mon gars... Je devrais bientôt entrer en contact avec un meuble... Patience , tout vient à point à qui sait attendre … Mais là c'est pas normal … Où est l'interrupteur ? Les murs paraissent presque trop lisses … Mais je suis où bon dieu ?! Où est l'ampoule ?? Bon aller ! Les mains en avant ! Tu vas bien finir par trouver la porte ! Peu importe où tu es, tu es forcément entrer par une porte ...Apparemment non …Bon ! Agissons de manière méthodique ! Adoptons une manoeuvre latérale pour faire le tour de la pièce, je m'accroche au mur et je marche de côté … Bon ça y est. Deux remarques : y a pas de porte et les murs sont agréablement chauds … Bon s'il n'y a pas de porte ni de fenêtre … Comment je suis rentré ici …? Je sais ! Les murs ! Ils ne doivent pas être très stables ! Faut essayer , envoyer un grand coup dans le mur , voilà … Un grand coup avec le flanc... ça doit marcher … Aller ! ([wow]*[/wow]) Putain ça a pas marché … Et maintenant je saigne ! Génial ! Bravo ! Putain mon front … j'espère que c'est pas trop ouvert , sinon j'aurais besoin de plus que ma paume pour contenir le sang … Mais c'est pas possible je suis où ? C'est définitivement pas ma chambre , ni ma cuisine ni une pièce chez moi … Attend une seconde … une pièce vide , un homme … Des murs chauds, une incompréhension de la part de l'homme … Putain autant ça doit être une saloperie d'émission de Télé-Réalité ! Maintenant il recrute de force ? Les murs … Attend essaye de gratter avec les ongles de ta main libre … Ouais ça ressemble à du verre … Autant derrière ces murs chauds y a des caméras qui me filment sous tous les angles et derrière tout ça y a un crétin de présentateur en costard et une voix suave qui cherche à augmenter son audimat … Et le dindon de la farce c'est moi !*
_Hé ! Sortez moi de là ! Ça m'amuse pas du tout ! J'ai rien demander , c'est de la séquestration ! Je vais vous poursuivre en justice !
*Ou alors peut-être qu'il y a une grosse somme à gagner … imaginons le tableau … un homme qui reste style 20 heures dans le noir , on observe ses réactions et tout ça … ça doit faire vendre ! Et autant si je tiens le coup je gagne style 1 million ou plus ! 1 million ça me changerait la vie , mon banquier finirait par adopter ce ton doucereux qu'il a avec les clients fortunés à la place de ce sale sourire sadique qu'il a quand c'est à mon tour ! Peut-être qu'elle reviendrai aussi … Ouais mais non , si elle revient à cause de l'argent ça n'en vaut pas la peine … Et rester ici une minute de plus non plus d'ailleurs ! Même pour 1 million ! *
_Aller quoi sortez moi de là ! Je veux plus rester !
*Putain mais ils ont le droit de faire ça ? Non ils auraient quand même pas fait ça de manière illégale !? Si c'est le cas , Dieu seul sait de quoi ils sont capables … Non non ça peut pas être ça … Non non mon vieux détend toi ! Tu ne ressens aucune présence derrière ces murs chauds … Et y a aucun bruit ! Normalement avec la musique des jingles , la voix du présentateur dans le micro et les chants du public tu devrais entendre quelque chose … Il devrait y avoir quelque chose , c'est pas normal … Mais si c'est pas ça , c'est quoi ? C'est quoi ?!?!? Non attend … Fiiiooou on va se calmer maintenant , c'est pas le moment de faire une crise , ni d'angoisse , ni de claustrophobie... Respire à fond … Réfléchis : tout va bien , t'es juste assis dans une salle absolument noire , tu sais pas où t'es , tu sais pas ce que tu fous là , tu sais pas comment t'es arrivé , y a pas de porte , y a pas de fenêtre , t'es tout seul et t'es un tantinet claustro … Ben non tout a l'air d'aller super bien ! Ça peut pas être pire … Donc ça peut forcément aller mieux pas vrai ? Faut être positif !*
De puissantes vibrations se font ressentir , au point que même en criant , il ne peut pas s'entendre... Il finit par se plaquer contre l'une des façades de verre et se recroqueville , serrant ses genoux contre son torse. Le bruit et les vibrations cessent enfin …
* Et comme je suis quelqu'un de très positif , je vais simplement me contenter d'imaginer le pire ...* | |
| | | Angelight Plume Réfléchie
| Sujet: Re: Level 3 : "Enfermé" [ Championnat 2 ] Dim 6 Sep - 17:07 | |
| Mon rêve d'une ampoule qui se brise, d'un éclat fulgurant comme un éclair et de propulsion violente prit fin. Je me réveillais, dans le noir de ce que je croyais être ma chambre, quand, en me redressant, ma tête heurta ce qui semblait être le plafond alors que je n'étais même pas en position assise. C'est alors que dans un grand effroi de claustrophobe, je réalisais qu'il n'y avait aucun matelas sous mon corps.
La réaction fut immédiate. Mon souffle s'agita nerveusement, amplifiant la cadence. Une voix sourde et suave au ton abominablement doucereux murmurait à mon oreille des scénarios atroces. J'étais prisonnier, prisonnier dans un endroit clos, isolé du monde, et d'un noir de jais. Cette histoire n'était pas qu'un horrible fantasme de ma folie débutante, ce n'était que la sinistre réalité. J'hurlais de peur.
Mes mains, comme dans une dernière prière, se levèrent et rencontrèrent l'obstacle plat. Mes paumes s'écrasèrent contre cette surface terriblement lisse. Je frappais de toutes mes forces, à grand renfort de cris vains et stupides, puis griffais des ongles cette foutue plaque glacée qui me séquestrait avec plus d'efficacité que le plus cruel des bourreaux. Au cours de cette manœuvre qui ne dura qu'une ridicule minute, je m'écroulais, à la merci du chaud qui s'emparait de mon être terrorisé, tandis que je sombrais dans les filets de la Panique.
Le temps s'écoulait désormais sans que je ne puisse le compter. J'étais seule, abandonnée, livrée à la mort. J'allais connaître une fin dans le supplice. La soif m'assècherait la gorge, la faim me transpercerait l'estomac, la peur ferait revivre les pires instants de mon existence. L'envie de manger serait si forte que je mordrais ma propre chair. Le besoin d'eau, si puissant, que j'en avalerais goulument mon propre sang. Je maudissais la Terre, les prétendues présences divines et la vie elle-même, inventant des chants tribaux pour chaque malédiction que je crachais, tremblante, l'œil fou, gémissante.
Mon corps recroquevillé, mes ongles pénétrant dans ma peau, le sang perlant sur tout mon être, je priais la mort de ne pas tester ma patience. Tout, dans ce noir oppressant, n'était que danger et châtiment. Je n'avais rien fait de mal. Une nouvelle bouffée de panique me fit me propulser de manière latérale, mon flanc heurtant une nouvelle plaque imperméable à ma droite. Et j'hurlais à nouveau comme un animal agonisant.
Le front sur le sol glacé, je sentais le goût du sang sur mes lèvres percées par mes dents tremblotantes. Il se répandait sur le fond du tombeau dans lequel j'allais mourir, enterrée vivante. Les vers eux-mêmes rechignaient à venir me tuer pour abréger mes souffrances. Je voulais mourir merde ! Pour une fois qu'on ne suppliait par la mort de nous épargner, moi je l'implorais de me prendre ! Cette garce n'avait de plaisir que lorsqu'on la suppliait ! Pitié salope ! Tue-moi putain !
Je fermais les yeux, enfonçais encore mes dents dans mes lèvres, me crispant plus que jamais au fond de ce cercueil. Ma respiration s'interrompit, comme si je désirais m'étouffer de mon plein gré. J'attendais, complètement immobile et prostrée, la terrible sentence …
Une douce lumière enveloppa mes yeux tout juste entrouverts. Victoire ! Le paradis ! Était-ce là ce long tunnel salutaire ? Allais-je connaître la joie d'être libérée de l'enfer ? Presque. Car c'est un homme qui entra dans la pièce, et qui devait être particulièrement surpris de voir sa femme, roulée en boule sous la table contre le mur dans le grenier dont l'ampoule était brisée ...
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| | | Arkham Plume Légère
| Sujet: Re: Level 3 : "Enfermé" [ Championnat 2 ] Sam 12 Sep - 4:17 | |
| Première foisBon, alors... où suis-je ? Heu, ça fait un peu con comme question, non ? On est toujours censé savoir où on se trouve. Ben moi pas. Là j'en sais, mais alors, rien du tout ! Pas de soleil, pas de vent, une bonne odeur de pourri... Je crois que je suis dans une salle. Je pose la main au sol : c'est de la terre. Une cage ? Je m'avance à tâtons. Mains tendues en avant. Plaf ! Ouais, ben j'ai bien fait. Elle est pas grande en fait cette salle. Le mur est en pierre de taille, très lisse... On dirait que c'est conçu dans un seul bloc. Je ne trouve pas de jointures. - Ha, putain, mais c'est la merde ! Ouha, qu'est-ce que c'est ça ? Y'a quelqu'un ? - Attends, attends, j'allume... Mon sang ne fait qu'un tour. Je ne suis pas seul là ! C'est quoi ce plan ?! J'entends une voix bizarre : elle est suave, mielleuse même, très discrète. Je pige rien à ce qu'elle dit. Aïe, mes yeux ! Quel est le crétin qui a allumé la lumière ? - Raaah, mais c'est quoi ce mec ? Y'a pas que des rats crevés ici ? - Non, celui-là à l'air vivant. Je crois que ce que ces deux personnages viennent d'assimiler à un rat vivant... c'est moi. Sympa. Je m'avance vers eux en titubant, encore aveuglé par la lueur. Le premier est plutôt grand, très élancé. Il a des cheveux qui descendent jusqu'au... enfin, d'une longueur handicapante pour certains besoins quoi. Ses yeux sont très très très bleus. Ceci dit, sa torche dégage une lumière bleue, c'est sûrement pour ça. Le second paraît tout petit à côté de lui, et en plus il est gros. Mais je préfère pas lui dire, vu sa sale tête. Où je suis tombé là... Au secours ! - Non mais ça va ouais ? T'as fini de te payer nos têtes ? Hein ? Non, mais, j'ai pas parlé à voix haute là, vous pouvez pas avoir entendu ! - Ha ouais, c'est vrai. On va laisser passer pour cette fois. - Tapette ! C'est le petit gros qui a dit ça. Il s'avance vers moi. - Salut, je m'appelle Razik. Heu, enchanté. Je lui donne aussi mon nom. Là c'est le grand qui lance : - Moi c'est Fariel, Honoré Fariel. - Ouais, moi aussi honoré ! Ha ha ! - Mais tais-toi un peu ! T'es chiant ! Je comprends rien à leurs délires à ces deux-là... Je suis paumé moi. Si vous cherchez un ahuri enfermé dans une salle sans savoir pourquoi ni comment, en présence d'un gros et d'un grand type, ben cherchez pas plus loin : c'est moi. Le grand se remet à me parler : - Tu as l'air perdu. Non, sans blague ? - Tu es débutant je suppose ? Hein ? Débutant en quoi ? - Ben ouais il débute, tu vois bien ! Il me fait peur le p'tit gros là. - Allons, allons, Razik, sois plus tolérant. Tu vois bien que notre ami n'a pas l'habitude. Mais il m'énerve lui à me parler avec ce ton doucereux ! Bon, alors, on est où là ? - Nous n'en savons rien. C'est ça le but d'ailleurs, nous devons trouver un moyen de sortir. - Quoi ? Raah, mais c'est nul ! - Heu, en même temps, c'est ça ou finir en rat crevé... - Ouais, rat crevé mon œil ! On n'a qu'à rien faire, et là les gars ils en ont marre, ils se suicident, et du coup c'est fini et nous on gagne ! - Tu es vraiment stupide quand tu t'y mets. Je commence à sentir monter la panique. Je n'en peux plus. Qui c'est ces types, je comprends rien ! Je... je me sens mal. J'ai chaud, j'ai de la fièvre à mon avis. Ça y est, j'entends des voix. Ça crie, ça grogne, ça râle. Je deviens fou. - Ha merde ! Des soldats ! Hein ? Quoi ? Je pige rien là ! Ho, aidez-moi ! Aidez-moi bordel ! Je vois une masse de métal et de pointes me foncer dessus. - Mais casse-toi, prends ton arme, je sais pas moi ! Quelle arme ? Et où tu veux que j'aille ? Ouch ! Je viens de prendre un coup d'épée dans le flanc. - Mais dégage-toi ! Lance une manœuvre ! Allez ! Je peux pas. Je suis touché. Je meurs... Je sens un mince filet de sang couler entre mes doigts. Mes yeux se ferment... au loin, j'entends les cris. J'entends encore les cris. J'entends toujours... Ha ? Non, ça s'arrête. Le p'tit gros a l'air d'exulter. - Ha, comme on les a pourris ! J'en ai buté au moins quinze ! Et j'ai même pas une ampoule ! J'y crois pas, les gros nazes ! Moi j'ai mal. Le grand s'approche de moi. Sa torche brûle toujours. Il pose la paume de sa main sur mon front et entame une douce mélopée. Ses chants m'apaisent. Je me sens beaucoup mieux. La blessure sur mon flanc me fait moins souffrir maintenant. Par contre, pour le mal de crâne, on repassera, l'autre continue de hurler : - Et là paf ! j'ai fait une approche sournoise et je lui ai filé un grand coup sur la nuque ! Alors il est tombé sur ses copains, et du coup ils sont tous partis contre le mur, et là bing ! Avec un grand mouvement latéral je les ai meulés comme des lapins ! - Hum, navré, mais techniquement on ne "meule" pas des lapins. - Ben oui, mais même ! Et voilà, maintenant ils se disputent. Et moi je m'emmerde tellement que je me ronge les ongles. - Bon, allez, on arrête ! *** * On se regarde tous les quatre: la table est jonchée de miettes de chips et y'a une grosse tache de soda sur ma fiche de personnage. Le Maître de Jeu parait à bout : - C'est la dernière fois que je masterise des débiles pareils ! - Ben aussi, attends, tu nous fous dans une pièce noire ! Pas d'explications, pas de contexte, rien ! Comment tu veux qu'on construise nous ? - Oui, sans compter que l'attaque des gardes, c'est un peu gros. La pièce était fermée je te rappelle. Il a l'air de perdre patience : - Pourtant, avec un petit jet de fouilles, vous auriez tout de suite vu la trappe dans le plafond, et vous auriez pu tendre un piège ! Là, vous sortiez, et du coup vous auriez découvert que vous étiez dans le château de Ralamaziel le Terrible qui vous avez capturés pour animer sa soirée avec ses ministres ! Bon, je les laisse se disputer entre eux. Moi, j'en peux plus. Je vous le dis en ami : ne tentez jamais de découvrir le jeu de rôle sans être certain d'avoir à faire à un bon Maître de Jeu. Parce que le coup de la pièce noire, c'est nul... | |
| | | DARK DRAGON Admin
| Sujet: Re: Level 3 : "Enfermé" [ Championnat 2 ] Dim 13 Sep - 16:55 | |
| Apprentissage J'ouvre les yeux d'un coup sec. Aucun changement. Je referme les paupières. Ouvre un œil. Noir absolu. Ma tête est pour l'instant vide de toute pensée. Je ne pense rien, je ne sais rien. Je nais à nouveau. Pour l'instant, j'ai encore tout à découvrir, et je ne le sais pas encore. Je vais bientôt l'apprendre. Dans quelques secondes, cette brume opaque qui plane comme une ombre absente et me semblant momentanément normale laissera filtrer simultanément plusieurs informations qui viendront perturber l'espace d'une seconde mes circuits neurologiques. Ensuite, un immense flot de détails et de questionnements divers inondera ma tête et me plongera dans une confusion si grande que je ne m'en apercevrai pas. Mon cerveau m'interdira en effet l'accès à son analyse le temps de trier et de classer dans un ordre bien précis les quelques milliards de connexions opérant en une mince fraction de seconde dans les cavités les plus reculées des hémisphères droits et gauches de ma cervelle. Je me trouverai bientôt dans une situation d'incompréhension telle que mes sens s'emballeront brusquement, créant un trouble saisissant indispensable à la clarté effroyable et terrible dont je percevrai quelques instants plus tard les aboutissants. Pour le moment cependant, je contemple le noir sans comprendre. Réfléchir, penser, être ne signifie rien. L'air n'a encore ni goût ni odeur. Il a beau caresser mon visage, je ne sens rien et n'ai pas la possibilité de le savoir. Dans ma bouche, ma langue est morte, inerte. Aucun tressaillement ne peut l'agiter. Mon corps repose sur le sol, amorphe lui aussi, posé là comme s'il n'existait pas. Mes doigts ne sont ni ouverts ni repliés, mais vides de ce dont ils devraient être emplis. Le premier reflux de souvenirs monte inexorablement de la zone gérant la mémoire au centre principal redistribuant selon une routine infatigable les derniers évènements au reste de la conscience qui me fait encore défaut. Ça y est, une panique sourde, montrant que l'inéluctable compréhension a enfin commencé, commence à germer à la racine de mes cheveux. Je mets soudain un savoir sur le mot douleur, et, par une association d'idées, la connaissance défile à toute allure dans ma tête, dérapant parfois sur ce qui va me servir à comprendre et expliquer ma situation. Puis tout se déroule selon une manœuvre implacable et organisée. Je prends tout d'abord conscience de l'ensemble de mon corps : mes cellules sensitives s'activent et perçoivent l'intégralité de mon environnement. Une odeur âcre parvint à mon nez qui se fronce vulgairement. Mes mains glissent fébrilement sur mes membres baignés de sueur ainsi que de sang et je m'aperçoit que je suis à la fois nu et blessé. Une plaie béante s'étale sur mon flanc. Je passe un doigt sur ma peau glacée et frissonne vaguement. La peur monte dans mon cœur et l'adrénaline surgit brusquement, accélérant d'un coup ma réflexion. A partir du moment où la question « Mais où est-ce que je me trouve et comment suis-je arrivé là ? » se formule d'un ton suave et doucereux dans l'esprit que j'ai du à nouveau conquérir, je sais que j'ai regagné la maitrise de mon corps et de ma conscience. L'apprentissage n'aura duré que quelques minutes indolentes. L'évidence de l'absurdité et précarité de ma situation me frappe maintenant de plein fouet. Je me trouve dans une pièce complètement noire et inconnue, sans vêtements, douloureusement blessé, sans savoir comment j'ai pu y arriver et n'ayant d'autre choix que d'attendre avec patience ou explorer ma geôle. J'ai beau scruter de toutes mes forces l'obscurité, je ne vois qu'un vide béant et vicieux. Il fait froid, et mes muscles peinent à sortir de leur engourdissement. Je me redresse sur mon séant puis, exerçant un geste machinal, me ronge les ongles tout en réfléchissant. Ils ont un goût sableux. Mon cœur bat dans ma poitrine, mais la peur commence à disparaître progressivement. Je pense qu'elle viendra après. Pour l'instant, mon cerveau n'a qu'une idée en tête. Comprendre ma venue dans cette pièce, analyser de façon exacte le guêpier dans lequel je me suis embourbé, et trouver une solution efficace pour en sortir. Ce n'est seulement que quand il aura rempli ces trois conditions -de façon réussie ou non en ce qui concerne la dernière, que la terreur pourra à nouveau m'immerger. Je pose ma paume sur mon front chaud. Sans doute la fièvre causée par ma blessure latérale d'où suinte maintenant un mince filet de sang que je nettoie avec un peu de salive. Je suis d'ailleurs soulagé et étonné de voir que l'hémorragie est bénigne. Me mettant à genoux en vacillant, je pose mon front face contre terre et inspire longuement, décidé à me relever entièrement pour prendre appui sur mes deux jambes. Faisant quelques pas à l'aveuglette, titubant et frissonnant dans le noir opaque, je marche droit devant moi jusqu'à ce que ma tête soit prise de vertige. Mon pied nu heurte soudain un mur lisse et mes orteils s'écrasent violemment contre la paroi glacée. Un craquement sinistre retentit alors et je m'apprête à retenir un gémissement aigu lorsque je ne me souviens qu'aucune présence ne peut de toute façon entendre mon cri de douleur. La stupidité de ma conduite me vient alors à l'esprit. Jamais je n'ai essayé d'appeler au secours depuis le moment où je me suis aperçu d'être enfermé. Incertain, je pousse alors un hurlement que l'écho me renvoie par bribes saccadées. Je me sens étonnamment ridicule. Je n'obtiens évidemment aucune autre réponse que ma propre voix réfléchie dans ce miroir sonore. La fureur m'envahit soudain, et je ne peux m'empêcher de donner un coup de poing vigoureux dans le mur froid qui me fait face, déclenchant une vague de douleur qui se met bientôt à irradier de mon côté droit en un lancinant crescendo. Le sang bat à mes tempes et je regrette aussitôt mon geste. Un brusque claquement retentit alors sans le silence pesant, comme un bruit d'ampoule qui explose, et mes yeux s'écarquillent de surprise. Une lumière sanguinolente éclaire la paroi contre laquelle je suis prostré et je me retourne aussi vivement que me le permet ma douloureuse blessure, pour fixer le décor qui m'entoure. L'halo rougeâtre émane des chiffres luminescents d'un réveil à cadran digital éclairant un peu le reste de ma prison. Il indique 00 : 00. Le premier coup d'œil sur la pièce me permet de dire qu'elle ne contient ni lampes ni portes. Mon cerveau refuse toujours l'inquiétante interrogation qui se formule silencieusement entre mes lèvres. Il est impossible que je sois entré dans ce sanctuaire sans ouverture dans le mur. Il serait dans les limites du plausible qu'on ait coulé du béton partout autour de moi après avoir décidé de me séquestrer, mais il aurait été catégoriquement invraisemblable de penser que quelqu'un aurait pu le faire. Encore plus d'imaginer une personne construisant un bâtiment hermétiquement clos en si peu de temps, même si je n'ai absolument aucune idée de la date de mon enlèvement, si ce dernier a bien eu lieu. Par conséquent, mon esprit décide apparemment de me priver de cette étrange constatation et je n'ai donc pas à me poser la question. Je suis enfermé, je dois sortir. La problématique est là, et aucune autre sorte d'interrogation n'entre en jeu. Je crois que commence à se former quelque part en moi la terrible vérité. Rester et penser, ou chercher à m'échapper par tous les moyens. Autrement dit, vivre ou mourir. Ma geôle forme une sombre allée au bout de laquelle une large tâche de sang s'épanche sur le sol bétonné, marquant d'une flaque écarlate l'endroit où je suis resté couché un temps indéfinissable. Aucune porte n'est visible. J'observe médusé le liquide brûlant échappé de mes veines. Mon regard est ramené sur mon corps, et une grimace se forme sur mon visage lorsque j'aperçois une sale et vilaine faille qui s'étend de mon épaule à ma hanche, formant une sorte de sourire machiavélique duquel on aurait retiré les dents. Mes pieds sont noirs et couverts d'une crasse épaisse et dégoûtante, mais je parais sinon plutôt en bonne forme si l'on fait abstraction de la plaie béante qui ne cesse d'attirer mon œil. Au milieu de la pièce noire et profonde, entièrement bétonnée, trône le nouvel objet dont je viens de découvrir l'existence. Il semble être posé sur une petite table, elle-même entourée d'une conséquente cage en verre. Je reste à le regarder, statique, la bouche légèrement entre-ouverte. Je ne sais pas ce que signifie la présence d'un réveil. Il inquiète et fascine en même temps. Soudain, les chiffres se mettent à défiler à tout allure au delà de la paroi de verre. Abasourdi, je regarde les nombres se former pour se disloquer aussitôt, laissant place à d'autres combinaisons qui surgissent à mes yeux tels d'indécents messages subliminaux succédant si rapidement que je n'ai pas le temps de les lire attentivement ou d'y chercher un sens quelconque. Je saisis des 1, des 8, des 7, des 8, des 9, des 0, des 4, des 0, le tout dans un ordre incompréhensible et confus. Des traits de lumière rouge et brûlante surgissent de l'intérieur même du mécanisme et s'impriment violemment sur ma rétine. Le cadran de réveil continue à se mouvoir en une effrayante danse mathématique qui dure et perdure, comble l'espace de chants inconnus et terrifiants, comme le son d'une cassette audio qu'on rembobine de plus en plus vite, formant une discordante et sordide cacophonie de voix glauques et éraillées.. Ma vision se retrouve emplie de ces chiffres rougeâtres tremblotants, et peu à peu tout se brouille dans la salle incandescente qui se déforme petit à petit, comme vue à travers le fond d'une bouteille de vin sale et poisseuse. . Le mur du fond s'éloigne à une vitesse vertigineuse, et je suis projeté en l'air vers le fond de la pièce que je n'atteins pourtant jamais. Je vole littéralement vers l'arrière sans pour autant changer de place par rapport au réveil qui au lieu de s'éloigner de moi se rapproche au contraire de plus en plus, m'offrant un baiser de lumière sanglante et éblouissante, m'emportant vers le fond de mon corps que je sens se ratatiner sur lui même. Mon cerveau et mes membres ne réagissent plus, et je continue de d'être porté par un vent lévitant. La pièce a maintenant complètement disparu, et je ne vois plus que ces chiffres flottants et nauséeux qui me lèchent de leur langues flamboyantes. Un désir fou et violent d'arriver à les lire, de saisir l'important et délicieux message qu'ils doivent j'en suis maintenant sûr me délivrer se fait encore plus ardent. J'en ai tellement envie... Soudain, ils m'apparaissent. Brusquement. Je sais tout. Lumière rouge insondable. Je sais tout, absolument tout, ce pour quoi l'homme vit. Je connais absolument tout. Je n'ai plus aucune blessure, plus aucun pardon à accorder. Lumière rouge plus vive. Retour. Renaissance. Lumière rouge. Lumière rouge. Brasier. Renaissance. *** J'ouvre les yeux d'un coup sec. Aucun changement. Je referme les paupières. Ouvre un œil. Noir absolu. Ma tête est pour l'instant vide de toute pensée. Je ne pense rien, je ne sais rien. Je nais à nouveau. Pour l'instant, j'ai encore tout à découvrir, et je ne le sais pas encore. Je vais bientôt l'apprendre. Dans quelques secondes, cette brume opaque qui plane comme une ombre absente et me semblant momentanément normale laissera filtrer simultanément plusieurs informations qui viendront perturber l'espace d'une seconde mes circuits neurologiques. Ensuite, un immense flot de détails et de questionnements divers inondera ma tête et me plongera dans une confusion si grande que je ne m'en apercevrai pas. Mon cerveau m'interdira en effet l'accès à son analyse le temps de trier et de classer dans un ordre bien précis les quelques milliards de connexions opérant en une mince fraction de seconde dans les cavités les plus reculées des hémisphères droits et gauches de ma cervelle. Je me trouverai bientôt dans une situation d'incompréhension telle que mes sens s'emballeront brusquement, créant un trouble saisissant indispensable à la clarté effroyable et terrible dont je percevrai quelques instants plus tard les aboutissants. Pour le moment cependant, je contemple le noir sans comprendre. | |
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