La fin de la fin du monde.
La fin d'un texte renferme la solitude du néant qui s'efface. Lorsque les morts tentent de revivre, il leur faut une force comparable à celle de la création du monde. pour impulser le renouveau, il faut tout recommencer au départ, mais ici, je doute qu'il reste encore des morts capables de revivre. Les derniers poètes sont partis, les derniers mots ont été oubliés et couverts de poussière, un jour, peut être, une âme d'une grande sagesse se posera ici et trouvera le discours d'un passager clandestin, d'un ancien poète et écrivain de ce monde, de cette famille qui un jour allumait encore les flambeaux de l'humanité.
Il n'y a plus d'espoir pour ceux qui ne veulent plus vivre de nouveau. J'ai l'impression de me balader dans un cimetière, de me retrouver dans un endroit qui n'a plus d'âme. Je voudrais que la vie s'épanche de nouveau, que la lumière soit, mais la lumière est poussiéreuse, ancienne et dépassée. J'avais espéré mener la barque de vos mécanismes bien huilés, mais j'appartiens au passé de ce forum. Mais, j'ai espoir qu'un jour, les fantômes des poètes qui se sont un jour posé ici découvriront que... j'espère qu'ils ne découvriront rien du tout. Qu'ils s'éloigneront d'ici pour ne plus jamais revenir.
Un capitaine n'abandonne pas son navire. Un bon capitaine coule avec et laisse s'effriter le temps afin de voir disparaître l'oeuvre d'une vie. Une demeure comme celle-là aurait du disparaître dans l'oublie, mais voilà, la vie prend toujours des chemins auxquels on ne s'attend jamais. J'ai bien connu le capitaine de ce navire, il est mon frère spirituel, enfin... c'était il y a longtemps. Je me rappelle des Oracles de ce monde, de ces discours passionnés, de ce mélange d'ironie et de fatalité, de désespoir et de joie immense. Et je baisse la tête, comme un curé devant l'autel. Qui a t-il qui attire encore ma vie en ces lieux reculés et abandonnés de tous ? Qu'est-ce qui fait que je me retrouve dans les catacombes à cuver des tonneaux de pisse ? Parce qu'être barman dans un désert, c'est être mort.
La Bière coulait à flôt ! Les chocolats chauds dégoulinaient des mâchoires et des bouches. Un pirate, voilà qui je suis devenu, contemplant le navire qui a abrité tant de joie et de bonheur... et qui maintenant ressemble à ce vaisseau fantôme insalubre dans lequel je viens traîner ma carcasse d'humain. Je construis ici ma grotte, en attente d'un prochain pêcheur qui viendra comme moi trouver refuge. L'esprit torturé et couturé de cicatrices. Je resterais là. Je me fixerais ici et je m'en vais attendre la fin de la fin du monde !