Recrutement Acristemique [asystémique et antichristique] - Caca.

Plume Légère

Il faut voir, il faut dire, il faut cependant penser, et nous devons l'abolir ce mode de suppléant ; la mode du délégué. Enfin, eh, que vous dirais-je qui dépasse ma légende? Car oui, je possède une légende, du moins me possède-t-elle de la sorte que si je me présente, je passerais pour mesquin - et non pour saint à l'heure où je fais le Diable... Que viens-je encore traîner mes élégances dans les parages, d'autant d'un forum coiffé de toute la vanité puérilo-virile, de fameux kikoolol au pouvoir et de latinistes qui ne savent point compter leurs pieds autrement qu'en anglais! Ah, ah, ah, l'ironie tragique d'une drame des origines!

La médiocrité est supplément en toute chose, et l'on paye fort cher pour la voir s'exhiber sous nos sermons. Un sermon, qu'est-ce? Un genre d'exemplum (entendre là le terme latin pour désigner un court récit qui démontre une vérité d'ordre générale, quelque loi supérieure) souvent entendu chapeauté par le despotisme mielleux et traître de paroles dévotement conçues, et que les esprits libertins se plaisent à déprécier ; voire à dépecer. Un libertin, qu'est-ce? Non pas un débauché, attention, c'est peu commode de faire cette confusion, du moins est-ce très vulgaire, tristement commun et banal de faire cette erreur que l'on doit à quelque grand de ce grand siècle sur les épaules duquel le XXIe se juche. Enfin bref, je perds mon propos. Je voulais dire – quoi? – le libertin – ah oui! Le libertin c'est cet esprit fort qui rejette tout dogme, toute connaissance imposée et non discutable, c'est un chicaneur, il a l'esprit de contradiction dans le sang et il ne se plaira jamais tant à choquer ou brutaliser que lors des conversations de convention ; où il se trouve un accord avec l'accord du badaud. C'est à dire que, pour un fond entendu, il saura jouer une forme sophistiquée, issue de quelques sophismes supérieurs afin de paraître désaccordant les marteaux pour être en vérité parfaitement sur la même octave en plus d'être sur la même gamme. C'est un comble tout de même. C'est un comique tout de fer ; je crois on nomme ça des pince-sans-rire mais être sûr de rien c'est d'une insolence délicieuse quand on fait des petites leçons à la manière d'eux.

Alors de ces gens là tous pleins de masques et de cynismes, ironies sans cristal, flûte ou champagne pour diluer, on ne sait jamais trop ce qu'ils pensent et où ils se placent. Ce qui implique qu'ils ne savent pas eux même trop où ils placent ces gens là que tu vois qui te font pitié par leur misère intellectuellement humaine. Comme le commun n'est jamais plus incommodé que lorsqu'on lui signifie implicitement et très poliment la crasse de son ignorance, de sa bêtise, de son insignifiance et de sa platitude par des teneurs philosophiques voire élaborées mais à pures fatiques notions de permanence du lien, le libertin est détesté. Il pourrait les laisser croupir dans leur fange fatidiquement fatiguée d'eux ; ne connaissant pas d'autre parfum de référence, et doués de la paresse la plus aphasique et la plus naturelle, comment comprendraient-ils la laideur de leur sort et l'absence totale de justesse dans leur esthétique (c'est tordre le mot que de l'employer là, le pauvre).

Oui, l'orgueilleux, le supérieur, le Julien Sorel éduqué au sens de notion d'humain, oui il méprise et concilie cette marrée grouillante de vermisseaux au désintéressant du corps flasque et mou d'un frère à l'échine puissant. Mais il en a bien besoin car seul au monde, il ne serait plus en enfer ; et l'enfer, c'est très vivant! Et puis souvent, le bovin ne comprend que quelques termes injonctifs. Enfin donc, alors, il faut bien voir que tu t'ennuies si la lecture se fait d'un bloc, d'autant que mes personnages n'aèrent jamais leurs pensées ; des pensées de buissons qui s'entremêlent et se croisent à l'infini une infinité de fois pour une myriade de carrefours, de repiques. C'est un vaste bordel dans ma tête où des putes mal déshabillées dansent bras-dessus bras-dessous avec des soldats de l'empire débraillé, des cosaques sans casque et des chanteurs sans beauté. C'était avant le star système que c'était possible tout ça. Et Baudelaire s'étrangle de rire dans sa tombe ; moi, ça m'angoisse.

Alors pris à la gorge par la sordide réalité, je va, je vois, je vais, je viens, je, je, je, JE. Il en faut de la mégalomanie pour survivre en tant qu'un individu dans cette scierie immense et immonde ; la société moderne. Zip, coupe, scie, taille, zou, rabote, rab, lime, vi, visse, zi, mâchouille, claque, crachote, moule, avale, clam-clam, abat, colle crac, gratte, cric, clac, fini, cercueil en bois de sapin! Prends soin de toi et ne laisse pas trainer tes manches, qu'il disait l'autre, quand je lui achetais mon trois quarts. Je lui ai tiré une balle dans le pieds pour qu'il ait mal et une entre les deux yeux quand j'en ai eu assez de le voir geindre. Je fus son dernier sapin pas très sympathique, voilà le hic! (Mais ça caresse quelques redondances crescendo cette histoire monologale – vois comme ma légende sert à quelque chose, bouffon!) Je reprends le terme de bouffon plus bas.

Enfin, moi j'ai trouvé une astuce, j'élève du bétail humain, un faisceau d'individus qui m'entourent et qui dégagent quand je prends une torpille. Blaam, c'est untel qui explose à ma place par tel ou telle déconfiture quand je croise un sous-marin plus nucléaire que moi, mieux dégueulasse, ou qui m'agace, ou qui me lasse, dont j'égare la trace, je perds ma place, la face? Non, ça dégage juste, c'est efficace et ça se remplace. J'ai bien des amis, je les mets en dernier, zou, du reste j'ai des valets ; et je leur en prête parfois pour qu'ils fassent joujou. Si l'un de vos amis vous est offert par moi, inquiétez vous : je suis fou, je prévois un emploi à ce vous que je sacrifierais bien pour un petit festin. Le banquet de l'héontontimorouménos mais un vivant divin.

Eh, quoi, la cruauté est une élégance, un raffinement, une délectation fine, la quintessence des subtiles délicatesses, des sous-titres de la malice qu'une faiblesse quelconque pallie une force trop peu mesurée. On perd l'équilibre quand on porte tout son poids sur une seule oreille. Chercher à se définir est démodé, dévalué, idiot et stupide. Chercher à se présenter était bon au XIXe à l'entrée d'un salon et j'eus aimé être de ce temps là – en riche dandy parisien, bien entendu. Mais je suis satisfait de mon époque et de toute son exquise horreur, de sa laideur fort conventionnelle et de ses cafards hideux, mesquins et sournois. Il y a trop de bêtes, d'animus qui ont habité le territoire dudit siècle, le nôtre est propre à me satisfaire, je le connais personnellement, c'est le siècle des suicidaires, le dernier acte de la tragédie comique de ce grand auteur qu'est l'humanité. Tenir quatre-vingt-dix ans dépasse encore trop ce que ne peuvent ses muscles et sa croupe ; et sa troupe. Je veux beaucoup être un spiritualiste spiritueux du XXIe. Un modèle n'est pas au goût du libertin, n'est-ce pas? Non, ça n'était pas une question, vous n'êtes que mon prétexte pour parler mais tais-toi. Car j'aime trop me répandre sur le silence des estrades ensevelies sous les voûtes de la poussière, s'épancher dessus les enfilades structurales des arches archivistes – et archivides, j'en ris fort – de vieilles églises décapitées, décapotées ; les théâtres, les salons, les jardins, les universités.

Enfin, que dire, c'est une ouverture de comptoir sans tradition respectée ; les ais-je bien toutes violées? Et je ris de vous voir toujours là, le monde tourne et, réflexe des âmes faibles, vous vous cramponnez à... Quoi? Un cailloux, un grain roux du désert brûlant, vous reprenez un semblant de souffle à l'ombre. A vous-même, sans savoir ce qu'est vous-même. A vous-même. Vous-même, la singularité de vos banalités respectives que vous vous attachez à entretenir soigneusement dans des sensations de remarquabilité. Entre vous, comme ça, vous vous frapper vos poitrines et vos omoplates pour vous faire croire que c'est bien, vous vous exhortez entre vous, entre vous même. Et vous évitez bien de provoquer l'altérité du jugement sincère ; l'hypocrisie de vos mondanité protège le cocon de vos fantasmes. Je sais bien, je fais pareil. Du moins, j'ai fais beaucoup pareil.

C'est bien, ça. C'est bien, polissez, astiquez, polichez, soyez polichinelle, il n'était pas loin d'un bouffon. Oh, je ne m'adresse pas à n'importe qui, je n'écris qu'à ceux que je ne connais pas, car j'avais déjà pris autour de moi tous ceux qui m'intéressaient. J'avais amené de ceux que je prenais pour amis, qu'ils en témoignent du règne impitoyable de ma méchanceté et de mon mépris, de mon dédain pour les choses de la douceur, de l'épanchement sensible. Mais bon, ne soyons pas manichéens ou bêtement idiots, il n'existe pas d'êtres intéressants qui vivent constamment, de leur enfance à leur adolescence en passant par leurs erreurs d'adulte, dans l'ultra violence. Le cynisme est une tranquillité de l'esprit qui se paie juste un peu plus cher que le reste ; au prix juste, en somme. Je m'égare, c'est que je me mets à écrire des banalités sensées et diaphanes or il n'est rien de plus merveilleusement remarquable que les enluminures somptueuses et agiles des toiles arachnéennes pour refaire une tapisserie!

Oh, bien-sûr, je ne sais pas combien de temps je reprendrais ma chambre. Mais donne moi la clef de la tienne, valet, tandis que tu vas fermer draperies et recoiffer mon lit. J'y lirais un torchon ou deux, quand je m'ennuierais, si je m'ennuie. Et puis si je t'ennuierais, je partirais toujours, je n'aime pas bien déranger la taupinière quand les myopes sont volontaires.

En revanche, reprends ta clef, j'irais faire caca et tu viendras me demander si j'ai fini dans une petite heure – j'y vais avec Werther – quand toi-même aura fini ma chambre. J'y veux de l'encens, du champagne, des tentures émeraudes et l'intégralité de ma garde-robe. Je recevrais mes lettres et mes correspondances littéraires depuis ton étage bouseux.

Allez, ce n'est pas un drame pour tout le monde, uniquement pour moi ; je repense à ce que repensait Lucifer la seconde fois que Dieu le mit à bas! Et l'on ne s'habitue point!

Plume Souvenir

Ta magnificence cherche de nouveaux adeptes ? Quel courage ! Quel style ! Je ne sais pas qui tu es, enfin, pas réellement, je ne sais pas non plus ce que tu veux. ( grand bien me fasse ! ). Tu te crois assez légendaire pour t'imposer o que tu ailles, quoi que tu fasse. Tu brises les hommes comme on brise le bois. Ta force doit être aussi épaisse que ta supériorité ! Tu te divertis des gens, tu t'amuses de cette vie et tu as bien raison, qui ne serait pas assez fou pour ne pas te suivre ? D'un texte tu t'imposes parmi les mortels. Ta plume immortelle est tout ce à quoi les écrivains aspirent ! Tu es l'idéal, l'idole de cette jeunesse qui écrit.

Et pourtant, il faut encore refouler certaines de ces choses dont tu sembles si fier. Il faut s'abaisser pour mieux s'élever. L'humanité n'est pas le troupeau que tu sembles tant apprécier et à sa juste valeur. Pas de cynisme, juste se poser et se reposer. Le discours que tu oses faire ici met une pierre de plus au palais que tu construits en toi. Regarde ! Est-ce que tu vois ? Derrière le miroir de chacun des visages dans lequel tu te reflètes, cherchant désespérément la seule chose qu'il te manque, tu t'infiltres dans une autre dimension. Parler de cynisme, alors que ici, nous ne recherchons que la paix. La paix de nos corps et de nos âmes, la sensation excitante de sourire. Pour te faire honneur, pour te garder dans nos mémoires comme quelqu'un qui a le mérite de savourer son génie, je te remercie.

Pourtant, ton armée, ta force, ton intelligence et ton génie, même s'ils font de toi une Légende. De multiples batailles t'attendent encore, de multiples guerres foudroyante augmenteront ta gloire. Mais tout cela est contre mes principes vois tu. Moi qui prône sans cesse le bonheur, la joie et la vie, je ne peux m'abaisser devant toi, de peur d'avoir une crampe.

Plume Légère

N'affutez pas vos lames, jeune prince, gardez les pour des choses à votre hauteur et sachez goûter toute l'ironie d'un humour sarcastique, j'irais jusqu'à dire qu'il n'y a rien de plus self-cruel que ce texte, cette introduction à la philosophie baudelairienne de l'héontontimorouménos que je lui emprunte pour la nécessité du geste. Cela dit, jeune prince, je connaissais votre nom et certain de votre titre dont il semble que vous ayez été déchu pour quelque obscure raison d'une évidence trop flagrante pour que j'en puisse rire devant vous. Ce qui signifie que je vous invite à ne pas trop considérer votre mièvrerie près de mes plates-bandes, vous risqueriez de boire à des coupes où il ne reste que la lie et comme nous sommes frères à plus d'un point de vue, mais nous pourrions dire frères de pitié commune, je tiens à vous épargner cette douleur.

Il est une chose pire que d'être un aveugle au royaume des voyants. Encore, je salue et ma canne vous applaudit en s'accompagnant du sol. Demeurez à distance, ne me faites pas le plaisir d'appeler votre ami et rival en scène, il me fait trop rire et j'ai encore deux côtes cassées. Et ne croyez pas que je prendrais la peine de répondre à chacune de vos médiocrités aqueuses. La dissimulation vous paie bien et vous gagnez à demeurer inconnu ; on pourrait vous imaginer deux fois mieux.

Cordialement mien,

Carpe Aram.

Plume Solennelle

Long, ampoulé et vaniteux.

Bien amusant. Soyons sincères et simples, tu nous le rendras.

Plume Souvenir

"Enfin, moi j'ai trouvé une astuce, j'élève du bétail humain, un faisceau d'individus qui m'entourent et qui dégagent quand je prends une torpille"

"vous n'êtes que mon prétexte pour parler mais tais-toi"

"vous vous cramponnez à... Quoi? "

Entres autres ...

J'aime énormément ton texte, bien pour cela que je t'apprécies. On en reparlera, il y a dire.
J'en profite pour te remercier de nos échanges, simples et sans fards, cela fait du bien.
Les 4 heures sont remboursées.

Plume Légère

Hi hi, copain <3

Le stylographe, oupah.

(Jeanjouné, ils sont devenus totalement fous ici ou c'est moi qui bug?)

Plume Solennelle

On est tous frappés. Ha ha.

Plume Souvenir

Serais-tu mon maître, Ô Divin ?

Plume Légère

Non, pas tous, voyons, toi tu as juste un Avatar très très moche.

Oui, je suis ton Maître, tout puissant prosterne toi, ploie devant moi! Et sinon par le terme de Maîtres, je pensais plus à Baudelaire, Nietzsche, Vigny, Lamartine, tamère, Hugo, Nerval, Gautier, Châteaubriand, etc. Ceux qui ont fait de la poésie pas trop médiocre, en somme (: Sûr que ça va te changer d'exigence (x

Plume Souvenir

Sourire...

Je te souhaite une grande réussite.

Je vais cependant me passer de tes "services".

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