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| | APPEL A TEXTE : Derniers instants d'une vie [ Support : Soirée sur l'Euthanasie ] | |
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+3Seth-Le-Damné L'Ingénu DARK DRAGON 7 participants | Auteur | Message |
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DARK DRAGON Admin
| Sujet: APPEL A TEXTE : Derniers instants d'une vie [ Support : Soirée sur l'Euthanasie ] Dim 7 Juin - 15:05 | |
| SUJET APPEL A TEXTE : Derniers instants d'une vie. ( Mini concours d'écriture transformé en appel à texte étant donné le nombre déjà conséquent de participants ! ) Les hommes se sont toujours interrogés sur cette étape critique que nous franchirons tous un jour. Certains ont regardé leurs grands parents ou des proches mourir (je parle de mort de vieillesse pour cet exercice littéraire), et cela a souvent était décrit comme une suite d'évènements : dernières paroles, dernier soupir...etc. Sujet : Imaginez vous les dernières secondes de votre vie, lorsque vous mourrez de vieillesse. Décrivez votre appréhension, votre curiosité devant la mort, essayez de sentir comment votre corps de détache peu à peu de l'âme.
Dernière édition par Dark Dragon le Sam 5 Sep - 0:00, édité 2 fois | |
| | | L'Ingénu Plume Légère
| Sujet: Re: APPEL A TEXTE : Derniers instants d'une vie [ Support : Soirée sur l'Euthanasie ] Dim 23 Aoû - 21:01 | |
| Une chambre. Une tapisserie verte style années 50, un vert sombre appelant au sommeil. Une fenêtre sur le mur de gauche, grande mais aujourd'hui drapée d'un rideau blanc si compacte qu'il finit lui-même par assombrir la pièce. Des gens ... Des jeunes comme des plus âgés, assis , silencieux ... Solennels. Un lit. Un lit en Baldaquin , le bois couleur acajou et les rideau du même vert que les tapisseries. Un homme.
*Putain cette fois ça y est... Tout le monde est là. Super, moi qui m'imaginais seul le jour de ma mort... Ah ! Tu t'es bien trompé mon vieux ! Tiens ? Tout devient flou ... C'est agréable... C'est la morphine ? Ce petit crétin d'infirmier m'aurait-il donner une dose trop élevée ? Je flotte. Bah ! Cela ne peut pas être la fin , pas comme ça. Où est la lumière ? Celle que tout le monde décrit ? Non décidement ça ne peut pas être ça , pas maintenant. Ce serait trop moche. Bon , puisque le reste du monde est flou autant s'occuper... Si je meurs qui vais-je retrouver ? Vais-je seulement retrouver quelqu'un ? Y -a-t-il quelqu'un pour m'attendre ? Y-a-t-il quelque chose pour m'attendre ? Pfff ... Allons , soyons lucide , pensons à ce sacré Socrate ... "SI y a quelque chose , je n'ai rien fait de mal , cela ne peut qu'être bien... Et s'il n'y a rien ... Ben y a rien et puis merde ..." J'ai pas vécu 96 ans pour me prendre la tête maintenant ... Mais alors qui ? Ma femme pour sûr ... Martine. Martine dit moi que tu m'attends ! Fait moi un signe ! On s'est connu jeunes , aimés trop tard et tu es partie trop tôt ... Dis moi que tu seras là ! Je veux avoir la chance de te revoir ! Serre les poings mon vieux ... Oui , tu es toujours en vie ... Cette chienne de vie ! au fond à quoi sert-elle cette bonne vieille vallée de larmes ? A part à mieux apprécier le jour où elle finit ? ... C'est tellement calme à présent ... Sont-ils encore autour de moi ? Je suis fatigué , qu'ils me laissent ! ... Je ne les entends plus ... Ils ont dû partir... Non ! J'entends des voix !Serre les poings ! Parle ! Dis leur de partir ... Non ? Réessaye ! Putain mais qu'est-ce qui se passe ! Parle ! Eugène bon Dieu ! Elève la voix ! Non ? Pourquoi ? Je ne comprend pas , rien ne répond... Qui me baillonne ? Laissez moi parler !! Qui m'empèche de parler ? Je veux parler ! Laissez moi leur dire ! Laissez moi leur dire que ... Laissez moi leur dire que je les aime ! Laissez moi je vous en prie !! Pourquoi devrais-je me calmer ? Qui me parle ? Martine ? Martine c'est toi ? Martine aide moi !! Martine ! ...
Martine...* | |
| | | Seth-Le-Damné Plume Réfléchie
| Sujet: Re: APPEL A TEXTE : Derniers instants d'une vie [ Support : Soirée sur l'Euthanasie ] Mar 25 Aoû - 15:06 | |
| J'ai passé toutes ces années reclus au fond de mon propre tombeau. Mes pêchés, j'ai pris soin de m'en expier avant ce jour fatidique, le jour de ma vie en réalité, puisqu'après tout ce temps à courir derrière lui il me recevait enfin. Le Néant. Le Dieu Néant, ce vide que je n'ai cessé d'aimer toute ma vie.
"Prends-moi, Seigneur,
dans la richesse divine de ton silence,
plénitude capable de tout combler en mon âme."
Étendu sur le flanc, je reçois mes derniers battements de cœur, mes yeux rivés sur cette vieille photo jaunie de ma jeunesse. J'étais beau. J'étais solide, fier et hargneux.
" Fait taire en moi, ce qui n’est pas de Toi,
ce qui n’est pas ta présence toute pure.
Toute Solitaire, toute paisible !"
La mort achèvera bientôt son œuvre. J'ai heureusement pris soin de ne rien léguer à mes chiards. Je n'en ai jamais vraiment voulu au fond, je voulais simplement faire plaisir à ma chère...
- PshhhhgzzzLe prisonnier 414.232 est mort dans sa cellule, venez récupérer son corps s'il vous plaitGzzzz - - Pshttttttbien reçu on s'en occupepshhhhtgzzzz
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| | | DARK DRAGON Admin
| Sujet: Re: APPEL A TEXTE : Derniers instants d'une vie [ Support : Soirée sur l'Euthanasie ] Mer 26 Aoû - 15:55 | |
| Oo j'aime beaucoup vos deux propositions ! Peut être que je ferai quelque chose aussi à l'occasion ! | |
| | | Angelight Plume Réfléchie
| Sujet: Re: APPEL A TEXTE : Derniers instants d'une vie [ Support : Soirée sur l'Euthanasie ] Mar 1 Sep - 20:01 | |
| Il y a des étoiles qui me font des clins d'œil. Une lumière qui arrive, illumine, éblouit, éclaire puis se rétracte avant de disparaître. Puis elle revient, inlassablement. Le silence est mon seul ami. Il me parle, parfois, doux et léger comme la brise fraiche de l'automne avenant. Il me murmure les allées et venue de quelques silhouettes qui demeure immobiles, muettes, puis s'en vont. J'aimerais lui répondre, j'aimerais même lui adresser la parole, juste une fois, pour le remercier d'être là, de m'accompagner. Parce qu'aujourd'hui, je le sais … la lumière ne repartira pas. Pas seule. Pas sans moi. Et cette fois-ci, elle ne reviendra jamais.
Aujourd'hui, j'ai décidé que s'en était assez. De toute façon, je n'aurais pas pu tenir plus longtemps. Je ne sais plus exactement depuis combien de temps je lutte. Mais j'en ai assez. Il faut que cela cesse, cela devient ridicule. Après tout, la suite ne sera que la continuité des choses. Il faut que cela se passe comme ça, un point c'est tout. C'est résigné, peut-être un peu triste et fatigué, que j'ai décidé de mourir. J'aurais aimé soupiré, à cet instant.
La lumière m'appelle, si douce, si tiède, si chaleureuse. Je me sens, petit à petit, de plus en plus léger. Peu à peu, les tourments et les douleurs s'achèvent. Je me détends inéluctablement. Mais quelque chose en moi se dresse, c'est ma dernière volonté. Il me faut faire mes adieux à mon camarade le Silence. Lui qui m'a accompagné depuis tellement de temps. Alors je pense à lui, je ne peux rien faire d'autre. Mais j'y pense. Je lui dis combien je regrette mais qu'il en était ainsi. Je lui dit que je meure. Je lui demande de ne pas s'en faire. Je le remercie, et soudain, je m'envole.
Il y a comme un bruit de déchirure, puis j'ai l'impression de retrouver des forces oubliées. Je sens comme des fourmillements dans mon âme et une vigueur de jeunesse m'emplis. Comme un souffle de vie nouvelle, je respire un air des plus purs. Pourtant, je perçois encore, loin, très loin derrière moi, la fatigue omniprésente de mon ancienne existence. Alors je me retourne.
Là, devant moi, un vieillard est allongé dans un lit d'hôpital. Il semble dormir, et pourtant, une formidable équipe de chirurgiens tentent de le réanimer. Je comprends, même si je n'entends rien, que la machine relevant les battement de son cœur est en alerte. J'ai presque envie d'aller les aider, et pourtant, je sais que c'est inutile. Le vieillard est condamné. Il doit mourir.
Je regarde autour de moi, et je remarque que je vole, petit à petit, reculant vers le plafond. Mais j'ai encore envie de regarder la chambre d'hôpital. Je ne sais pas vraiment pourquoi, comme si quelque chose m'y retenait. Des gens arrivent, et il me semble familier. L'un d'eux est une vieille dame, qui s'écroule en larmes sur le sol. J'ai de la peine pour elle. Une peine qui m'émeut jusqu'aux larmes. A ses côté, un homme, la quarantaine. Il s'agenouille près de la femme en pleurs et semble essayer de la consoler. Pourtant, son regard est humide. Lui aussi, il est triste. Je comprends alors qu'il s'agit de la famille du vieillard. Sans doute sa femme, et son fils.
Une douleur me serre le cœur. Soudainement. Quelque chose – serrait-ce seulement moi ? - semble m'inciter à partir maintenant. Pourtant, j'ai encore envie de rester un peu. Je vois la femme se relever, avancer en titubant vers le visage du vieil homme. Les chirurgiens ont arrêté leur travail, tout est finis. Pourtant, la vieille dame s'approche d'une oreille de l'homme. Elle lui murmure quelque chose. Et soudain, je l'entends …
« - Je t'aime, Emmanuel ... »
Et maintenant, je suis mort. Je survole l'hôpital. Et pourtant, désormais, je me souviens. Le vieillard c'était moi. Je m'appelle Emmanuel. C'était mon fils. C'était ma femme …
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| | | Vortad Plume Réfléchie
| Sujet: Re: APPEL A TEXTE : Derniers instants d'une vie [ Support : Soirée sur l'Euthanasie ] Ven 4 Sep - 19:19 | |
| J'en profite alors... Je poste également dans le topic nouvelles pour les commentaires.
MORT DECENTE
Comme on ressasse les souvenirs d’une enfance extatique, et emplie d’une joie sans limite, je repensais au moment certain, futur et vaguement proche, de ma mort. J’étais au liséré de la vie, déjà, oscillant entre le temps d’une jeunesse sûre,infrangible et celui de la décrépitude. J’addossais sur mon lit ma tête pleine de visions angéliques, quoique rachitiques, et m’addonnais à ces réveries qui réclament une inviolable solitude. Je méditais, plongée dans une de ces pensées moribondes desquelles palissent ceux dont la dernière heure est venue,trépassent, tel un rayon de soleil cédant sous l’abîme pernicieux de la nuit et du chaos, et pérorais les instants de ma vie finissante avec un zèle si ardent qu’il me semblait avoir dépéri, l’avoir vécu. Malgré quelque tristesse incommensurable, mélé aux larmes qui perlaient à mes paupières, incessamment; à mesure que ce récit qui m’était dépouillé de toute vitalité filait mon esprit malhabile et confus; je ne pouvais me résigner à une mort incidemment alloué, qui déroge à une vie toujours frénétique, sans qu’on prévît sa fin impétueuse, violente, qu’on pût baiser mes mains encore chaudes avant ce dessein prédestiné, et concéder à ma conscience la force inextinguible de m’élever au nouveau monde. Aussi, je serais mort, abbatu par un de ces engins étranges qui sourdent à des vitesse immodéré… Pas cette mort là, qui rendrait misérable ma sépulture bénite. Celle qui ronge et qui déprave, comme un poison: je me sentais torturé par le temps, par un cauchemar dans lequel j’étais plongé depuis la naissance, qui me saisissait de panique. Si bien qu’en fait, j’en avais fait mon ennemie inéluctable, un démon qui me dérobait les traits de mon pur visage. J’avais l’enfer à mes trousses…
Aussitôt, j’immergeais dans mes pensées, ma destinés dont la route serpentante- par une science qui m’était infuse- naissait dans mon esprit, s’achevait aux montagnes graveleuses et difformes auxquelles conspire le ciel marbrés des dieux, d’anges delphiques…
Alité, j’apercus des murs blanc qui m'inspiraient l’image d’un hopital, mon lit qui aspirait à la même couleure blanchâtre, lactescente. La fragrance d’une fleur déposées au chevet le matin, dont la senteur commencait à se dissiper, reveilla mes facultés olfactives, me fit frétiller. La plante fléchissait, ternissait parcequ’on avait oublié l’eau. Je pris un verre„ tendis une main étique et décatie par un siècle d’existence, et résolu à ne demander l’aide d’aucune des charmantes secrétaires qui m’était disposées pour que je buvasse sans un des gestes douloureux et lancinants qu’il me faudrait entreprendre. Mais je pressentis dans et effort rien qui pût m’affliger. On avait ordonnancé ce remède fallacieux qui soustrait à toute les sensations, qui ne guérit pas. Aussi je ne connaissais pas la souffrance. Je palpais le vide.
Comme je mourrais, ces dames cessèrent les litanies réconfortantes et incertaines qui m’offensaient, car en voulant me subjuguer, elles rappellaient a mes sentiments un moment fatidique, lorsque mon coeur farouche déserterait le corps buriné, terni, décati, qui m’était inconnu, pour n’être fidèle qu’au voyage divins et céleste du demi-dieu dont j’incarnerais l’entité archangélique, tandis que ce corps qui n’a pas trouvé la convalescence aurait exhalé les odeurs méphitique de décomposition desquels on n’ose s’approcher, dans une perspective semblable à celle d’un monstre.
“La morphine je crois!”
La nuit tomba si vite que bientôt je me trouvais dans le noir, dans un petit vestibule où je devais finir mes jours. Je ne pouvais me décider à m’endormir, en pensant que tout à l’heure il me faudrait m’éveiller dans cet univers vaporeux et ineffable particulier à ce que les éclésiastiques aviat l’habitude d’incanter. Des élucubrations qui-pour moi-exercait sur mes sentiments une affreuse consolation. Bientôt, la teinte sybbiline du ciel jaunissant en étoiles allait se morfondre dans la nuée. Je me sentis transporté au faîte de ce ciel léthargique, jusqu’aux constellations nectaréennes et les galaxie nébuleuses de l’univers, comme si des souvenirs de mon enfance reveuse et affable, réminiscences heureuses et juvénile, affichait sur chacun de ces astres les vissicitudes d’une vie puérile.
Soudain, je pris un air qui paru suspicieux, presque ingénu. Dans la nuit noire, atrabile, dénuée des tendresses nitescentes et claires du soleil rutilant, une voix dans ma conscience murmurait, dans un crépitement qui me fit palir de fureur:
“C’est fini…”
Les yeux équarquillés, je vis l’ombre d’un homme qui me sembla, par son attitude désolantes, la silhouette d’une personne abbatue par un certain remord, tandis que, dans le désir profond et obscure que je l’aidâsse, il me prit la main, la pressura ( massant si bien qu’il suffit a me désennuyer ). Depuis un moment, l’homme réitérait une même phrase, avec un ton implorant qui se mélait à une sorte de négation. J’exhalais un soupir qui semblait devoir être le dernier, le temps de l’entendre récrier un ” PAPA!” illusoir dont le son se décomposait, déformé en une voix rauque et futile qui m’assourdissait:
“NON!”
Je divaguais, mon esprit abatardi vacillait dans un monde qui m’apparaissait tout de suite plus éclairé. Il y eut un craquement sourd, et je compris que tout étais fini, qu’on m’arrachait à ine vie mondaine et désormais perdu. Je me noyais dans une flaque d’obscurité, dans un flot de plaintes où je laissait vaguer mes yeux révulsés vers ces plaines dévastés par l’obus de la mort.
Dernière édition par Vortad le Lun 7 Sep - 20:46, édité 1 fois | |
| | | DARK DRAGON Admin
| Sujet: Re: APPEL A TEXTE : Derniers instants d'une vie [ Support : Soirée sur l'Euthanasie ] Sam 5 Sep - 0:02 | |
| Ce sujet a été déplacé dans les appels à textes en raison du nombre conséquent de participations ! Je ferai sans doute quelque chose aussi, n'hésitez pas à laisser vous aussi libre cours à votre imagination ! | |
| | | Socrate Plume Solennelle
| Sujet: Re: APPEL A TEXTE : Derniers instants d'une vie [ Support : Soirée sur l'Euthanasie ] Sam 5 Sep - 10:46 | |
| J'vais m'en occuper moi aussi. | |
| | | Socrate Plume Solennelle
| Sujet: Re: APPEL A TEXTE : Derniers instants d'une vie [ Support : Soirée sur l'Euthanasie ] Sam 5 Sep - 11:32 | |
| Je vous demanderai si vous le voulez bien de lire cette histoire lentement, comme si elle fut racontée par l'homme qui l'eut vécu. Avec cette musique : Ruska de Apocalyptica. Elle se trouve au bas de la page, au bas de l'album. Bonne lecture. Je pars vers la mort car il m’en ait autrement, je quitte beaucoup. Plus que je ne l’aurais pensé en si peu de temps, à marcher parmi mes tant d’autres camarades, la marche rythmée, le silence régnant en maitre. Je pense à tout ce que j’ai laissé, à toute la tristesse que je vais causer en leur âme et conscience. Dire que je n’ai pas eu le choix, que l’on m’a forcé. Je n’ose demander à mon camarade à côté de moi, la tête basse, si lui aussi il n’eut le choix de ses actes. Je ne peux pas, j’ai peur de représailles mais à quoi bon, je suis foutu de toute façon. Seulement l’espoir règne au fond des cœurs de revenir un jour sur ses pas, faire marche arrière, demi-tour vers la vie. Vers le bonheur car c’est à ce moment précis que l’on se rend compte ce qu’est réellement le bonheur. Le bonheur est le confort, le bien être, les proches, la liberté et l’absence de stress.
Nous sommes l’escadron de pensées, un silence de mort, seul le bruit des pas résonnent dans les airs, tous la tête basse, nous marchons vers notre destin. Il y a aussi bien sûr les résignés, ceux qui ne regrettent pas et qui vont droit vers la fin, le cœur libre et l’âme confiante. Ils n’ont sûrement plus rien derrière eux me dis-je. Moi si, alors je ne veux pas ! Alors que nous marchions sur une petite tranchée pour rejoindre le bout du flanc du combat à prendre comme dirai les capitaines : « par surprise les allemands ». J’escalade le muret dans le sens inverse des ennemis, je cours rejoindre la France, je cours rejoindre ma vie, je cours rejoindre la vie.
Les tirs s’abattent déjà, les allemands mais les français aussi, j’entends crier derrière moi « déserteur ! ». Mais j’eus la chance de retomber dans une autre tranchée vide, malheur à moi ce n’est qu’une cachette pour peu de temps. Nous avions réussi à avancer de quelques mètres ces derniers jours, nous avions donc creusé plusieurs mètres, comme une fourmilière verticale, je passe de couloir en couloir, courant à vive allure avant que les renforts prévus n’arrivent et les ressources et les denrées avec. J’ai désormais deux ennemis, mes camarades français et les allemands mais quoi qu’il en soit, notre escadron avait un sort scellé, celui de la mort.
Mais je ne veux pas mourir, je veux retourner dans les bras de ma mère, ce n’est pas ce que je voulais, on ne m’a pas raconté ça moi ! On m’a dit que les armes allemandes étaient inefficaces, on m’a dit que la guerre était courue d’avance, on m’a dit tant de choses, je croyais revenir en héro à la maison, au lieu de ça je vois des hommes mourir chaque jour, en milliers sur un seul front. J’aime pas ce lieu, même si c’est la France ce n’est pas ma France. Où sont donc passés la verdure des champs, où sont donc passés la beauté du ciel bleu méditerranéen. Où sont donc passés les femmes et l’hygiène, où est donc passé la morale.
Je n’ai pas demandé ça moi ! On m’a dit que la guerre était jouée d’avance ! Un lieutenant haut gradé m’avait persuadé mes compagnons et moi que nous reviendrons plus fier, je n’ai pas trente ans, j’ai seulement dix-sept. Laissez-moi partir, retrouver les seins de ma mère, le lit douillet, la senteur des jours beaux à venir. Je n’ai pas demandé ça moi. Je suis simple, je veux vivre, pas me battre pour trois mètres de sol. S’ils veulent le nord de la France, je serai prêt à leur donner, je m’en fous ! Je pleurs, je sais, je suis pathétique, alors que je me voyais revenir l’arme brandissant, le sourire radieux devant ma famille, mon nom dans les journaux, je fuis une mort certaine, plein de boue, plein de merde, un rat me ronge avec acharnement mes bottes. Je sens ses crocs à cette saleté. Les obus tombent, je suis perdu.
Ce n’est pas ça ma France, je n’ai pas demandé ça. Aurais-je du naitre plus tard ? Aurais-je du naitre ailleurs ? Pourquoi le monde s’acharne t-il sur les faibles ? Pourquoi les allemands et mes camarades français ne font t-ils pas comme moi au lieu de vouloir me tuer pour déserteur ? Je stoppe ma course, mon destin est au bout d’un canon, un camarade à moi. Je ne peux plus bouger, plus m’enfuir, son canon sonne la fin de ma course contre la mort. Fatigué, assombris, je tombe à genou dans la boue, le rat ayant transpercé ma botte me ronge les orteils. Mon camarade fut d’aucune pitié comme on ne nous l’avait dit. Je suis mort, comme on ne me l’avais dit. | |
| | | PRELUDE87 Plume Réfléchie
| Sujet: Re: APPEL A TEXTE : Derniers instants d'une vie [ Support : Soirée sur l'Euthanasie ] Sam 27 Fév - 23:20 | |
| Je sais qu'il est un peu tard pour participer. Mais en visitant le coin, j'ai eu envie d'écrire un petit texte sur ce thème. Je vous le livre. J'espère que vous aurez autant de plaisir à le lire que j'ai eu à l'écrire, ne le corrigez pas, je l'ai juste fait pour le "fun". ----------------------------------------------------------------------------------
Me voici seul, dans ma chambre toute blanche. L’heure approche où mes yeux ne verront plus la lumière. Je guette cet instant où mon corps n’aura plus jamais faim ni froid, où le temps ne se comptera que sur les doigts de l’éternité.
Je remonte un peu mes draps, ai-je froid ? ou est-ce la peur qui vient à moi ?
Aux premières lueurs du jour, le médecin viendra. Il me demandera si je suis prêt. Mais suis-je prêt à refermer le livre ? Peut être devrais-je encore en profiter pour écrire quelques lignes. On dit que les dernières sont les plus belles. Mais je n’ai rien à dire, seulement je pars.
L’aurore approche, un soleil pâle s’étire paresseusement devant la fenêtre de l’hôpital. J’imagine la chaleur de ses rayons et la douceur de sa lumière d’été. Je regarde mon goutte à goutte ; j’écoute le soupir de la machine qui me retient à la vie. Mais est-ce ma vie ?
Hier soir, j’ai pris mon dernier dîner. Je n’ai pas allumé la télé, car je voulais partir l’esprit tranquille. Mais durant cette nuit, un instinct m’a retenu éveillé. J’attends l’ange qui doit venir me saisir pour me conduire sur le chemin aux milles pensées.
Mon esprit se brouille, mon corps tremble, l’heure approche. Les portes du non-être vont s’ouvrir à moi. Je nagerai dans le nuage de l’inconnaissable, je vais redevenir ce que j’ai toujours été, un atome ballotté par les vents stellaires. J’ai donné rendez-vous à tous ceux qui m’ont précédé, sur le boulevard de l’intersidérale, là où rien ne meurt et où tout recommence. C’est cet instant que j’attends.
Le docteur s’avance en souriant, il glisse dans le goutte à goutte, la potion magique qui me conduira vers un ailleurs que j’espère et redoute en même temps.
Les bruits se font lointains, je n’ai plus la force de lever une main, ni de soulever une paupière pour un dernier adieu. Je voudrais dire à ceux qui sont autour de mon lit, que ça y’est, je le vois l’être lumineux. Il m’appelle, il me tend les bras pour me recevoir, il m’accueille comme un enfant. Je ris…Pour eux tout est fini, mais pour moi, tout commence. | |
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